Par Arnaud MONTEBOURG (*) Un membre du gouvernement algérien a, devant le Sénat, qualifié la France « d'ennemie traditionnelle et éternelle ». Il appartient bien-entendu aux gouvernements d'Alger et de Paris de faire savoir ce qu'ils pensent de cette assertion. Mais les sociétés civiles françaises et algériennes ne peuvent pas rester silencieuses. L'Association France Algérie quant à elle a été fondée en 1963 par des Français qui avaient lutté pour la liberté et l'indépendance du peuple algérien. Ils voulaient maintenir avec lui des liens d'amitié. Cet objectif est toujours le nôtre. Je le poursuis après Jean-Pierre Chevènement, Pierre Joxe, Bernard Stasi, Germaine Tillion… Cette volonté n'est à l'évidence pas partagée par tout le monde. En France, certains ont la rancœur tenace. En Algérie, les courants de l'islamisme politique veulent créer un fossé entre le Maghreb et l'Europe. A ces derniers nous voulons rappeler que la liberté et l'indépendance de l'Algérie ont toujours eu de fervents soutiens en France. Rappelons le courage de François Mauriac, Raymond Aron, de Jacques de Bollardière, Edmond Michelet, Stéphane Hessel, Jean Daniel, Jean Lacouture... Rappelons les Français tombés sous les coups de l'OAS, rappelons ceux qui, en Algérie, avaient choisi de servir la cause de la liberté. Rappelons surtout que le peuple français consulté par referendum en 1962 a approuvé à 90,8 % « l'indépendance de l'Algérie et la coopération avec la France». Voilà la réalité de « l'ennemi éternel » ! En réalité, dans ses profondeurs, le peuple français avait compris le mouvement historique de conquête de l'indépendance par les Algériens. Nous savons combien en Algérie, les courants islamistes veulent créer un fossé entre le Maghreb et l'Europe. Mais les Algériens n'en veulent pas. A confondre notre peuple avec une infime minorité haineuse, ce ministre prend le risque d'entretenir la discorde et de nourrir ces franges marginales qui, dans nos deux pays, voudraient empêcher la coopération et le travail en commun. L'Algérie est un pays ami. Les Français par exemple ont ressenti avec le mouvement populaire récent une profonde fraternité avec les Algériens luttant pour le renouveau. Beaucoup de nos compatriotes ont l'Algérie au cœur et ils ont raison. Beaucoup de nos concitoyens sont venus de l'autre rive de la Méditerranée. Nous avons la même langue en partage. Et nous avons tant à faire ensemble ! Il est urgent de replacer ces discours hostiles dans les ténèbres. Tous ceux qui le feront serviront bien la cause de l'amitié franco-algérienne et d'un avenir fécond en Méditerranée. Paris le lundi 17 mai 2021 (*)Président de l'Association France Algérie Advertisements