Lors de son discours prononcé devant les participants à un colloque sous le thème " Aux côtés de l'Algérie qui s'est tenu le 17 juin dernier à Paris, le Président de l'Association France-Algérie, Arnaud Montebourg a tenu tout d'abord à remercier les participants de leur présence ; au moment où l'Algérie traverse des événements tout à fait exceptionnels. Or, que voulaient les fondateurs de l'Association France-Algérie, en 1963 ? Réunir celles et ceux qui s'étaient battus pour que le peuple algérien conquière sa liberté, son indépendance, sa souveraineté, la maîtrise de son destin. Ils voulaient décider et choisir par eux-mêmes ce qu'il ferait de lui-même. Les fondateurs de l'Association venaient d'horizons différents ; Edmond Michelet, Geneviève Anthonioz-de Gaule, le général de Bollardière, François Mauriac et Raymond Aron Germaine Tillion, Stéphane Hessel, Jean Daniel, Jean Lacouture. Cinquante six ans après, nous sommes réunis par la même idée : être aux côtés du peuple algérien qui veut reconquérir sa liberté, son indépendance et recouvrer la maîtrise de son destin. Le puissant mouvement populaire qui éclot en Algérie est un tournant majeur, un demi-siècle après l'indépendance. Chaque jour nous montre l'ampleur des changements en cours qui dessinent l'histoire en train de se faire. Chaque semaine nous montre un peuple déterminé, politisé au meilleur sens du terme, responsable. Un mouvement populaire qui a su écarter la violence, qui se montre exemplaire. Dans les années soixante, Alger était pour le monde " la Mecque des révolutionnaires " ; aujourd'hui Alger est à la face de tous l'exemple d'un élan démocratique d'un peuple à l'assaut de sa liberté. Il est capable de faire mentir les leçons du premier printemps arabe. Les Algériens veulent affermir leur indépendance. Ils n'ont besoin de personnes pour leur administrer des conseils ou formuler des jugements. Ils n'ont pas besoin qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire ! C'est la raison pour laquelle nous nous abstenons d'intervenir même si nous les encourageons à exprimer fortement ce qu'ils veulent faire. Nous devons tenir compte de cela. La relation entre l'Algérie et la France est toujours personnelle. On le voit dans les manifestations. Toute maladresse venant de Paris serait exploitée par ceux qui veulent creuser un fossé entre les deux rives de la Méditerranée. Parce que nous croyons à un partenariat d'exception entre nos deux pays, nous avons le devoir de préparer l'avenir de la relation franco-algérienne. L'Algérie nouvelle qui émergera de la tourmente actuelle doit pouvoir rencontrer une France fraternelle ouverte à une coopération tout à fait renouvelée. Au-delà du commerce, de l'investissement, nous aurons à construire ensemble des réponses intelligentes et collectives aux défis de la mondialisation : co-localisations, projets de recherche en commun, développement de partenariats industriels innovants, exploration en commun par nos universités des chemins de la connaissance. La tâche de l'Association France-Algérie est là : dessiner avec un temps d'avance, ce que sera la nouvelle relation entre nos deux pays. Car ce que nous avons en partage est considérable. La culture, la littérature, le cinéma, les arts plastiques, le montrent avec force. Ces échanges permanents de nos cultures au quotidien, ce pont humain sont une réalité qui ne pourra jamais être affectée. Et durant ces mois d'effervescence en Algérie, nous avons résolu de multiplier les initiatives en ce domaine, depuis janvier. Notre dernier bureau a établi un programme fourni jusqu'en 2020. Nous retrouvons d'ailleurs là encore le fil de l'AFA des origines. Une de leurs premières démarches fut d'aider à la reconstruction de la Bibliothèque d'Alger, détruite par un incendie.Demain, nous agirons spécialement auprès des pouvoirs publics en France, en faveur du partenariat d'exception dont nous avons besoin, dans le domaine économique, industriel, agro-alimentaire, dans celui des nouvelles technologies, comme dans celui de l'éducation, de l'édition, du cinéma,. C'est le moment ! Nos medias, jusqu'à présent souvent réservés sur l'Algérie, découvrent la réalité d'un peuple exceptionnel. A nous de montrer le chemin qu'ouvre ce renouveau. Voilà le rôle de l'Association France-Algérie : fidélité à sa mission dans le droit fil de ce qu'ont voulu mes prédécesseurs, Pierre Joxe ou Jean-Pierre Chevènement. Et engagement pour l'avenir de la relation entre nos peuples. Nous avons beaucoup à dire, et nous avons le devoir de nous retenir. Nous savons que la pudeur est parfois productive et nécessaire. Nous sommes économes de nos mots, mais quand nous les prononçons ils doivent être forts. C'est le sens de " Fraternité " le communiqué que nous avons diffusé, qui rappelle les similitudes entre notre Révolution pour la liberté, l'égalité et la fraternité, et l'élan populaire des Algériens pour la reconquête de leurs libertés de leur indépendance et de la maîtrise de leur destin. Cette similitude fait que nous avons beaucoup de choses à nous dire et à faire ensemble.