La Tunisie et le Maroc ont réalisé, ces dernières années, des résultats économiques probants. Toutefois, la dépendance de leurs économies respectives, d'un seul ou d'un certain nombre de secteurs, menace leur stabilité économique pour les prochaines années. C'est ce qu'a noté le dernier rapport de l'OCDE sur les perspectives économiques en Afrique pour la période 2005-2006, rendu public la semaine dernière. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a souligné, de surcroît, les lenteurs ayant jalonné les réformes économiques engagées dans ces deux pays. En effet, la Tunisie et le Maroc, chacun selon sa spécificité, doivent fournir plus d'efforts s'ils veulent atteindre les objectifs visés et réussir l'intégration de leurs économies dans le système mondial. La Tunisie, souligne l'OCDE, s'est fixé pour objectif, de 1999 à 2004, la mise à niveau de l'ensemble de son économie pour accompagner son ouverture à l'économie de marché. Cependant, selon l'OCDE, les défis qu'elle doit relever, désormais, sont la diversification et la compétitivité économique suite à cette ouverture. « En 2003, grâce aux performances de l'agriculture et du tourisme, la croissance économique s'est accélérée, passant de 1,7% en 2002 à 5,6%. Selon les estimations, elle devrait être de 5,5% en 2004 et dépasser les 5% en 2005 et 2006 », indique l'OCDE. Le tourisme et l'agriculture sont ainsi des secteurs-pivots de l'économie tunisienne. La Tunisie, qui s'apprête à ouvrir, à l'horizon 2008, une zone de libre-échange avec l'Union européenne (UE), est contrainte de doubler les efforts par l'encouragement de l'investissement privé dans d'autres secteurs hors agriculture et tourisme. Car, affirme l'organisation, les secteurs de l'industrie, notamment l'industrie manufacturière, souffrent de lenteurs dans les réformes. « La diminution du chômage, l'amélioration des conditions d'accès au crédit pour les entreprises, la réduction des distorsions économiques et l'amélioration des performances de l'administration restent des objectifs-clés afin de permettre à la Tunisie de consolider ses acquis et de bénéficier des avantages offerts par l'ouverture de son économie », précise le rapport. Amélioration des performances Concernant le Maroc, les défis sont beaucoup plus sociaux. Le royaume chérifien, indique le rapport, doit travailler davantage pour se démocratiser et lutter contre les disparités sociales et régionales. « Les efforts et les performances économiques n'ont pas été suffisants pour ramener la part de la population, vivant au-dessous du seuil de pauvreté, à un niveau plus acceptable. Ils ne sont pas encore suffisant pour réduire de manière significative la dépendance de l'économie vis-à-vis des aléas du secteur agricole », précise l'OCDE dans sa note concernant le Maroc. En général, l'économie marocaine s'est globalement bien comportée en 2003 et devrait continuer d'afficher des taux de croissance supérieurs à 3% dans les années à venir. En 2003, le taux de croissance de l'économie marocaine était de 5,5%. L'inflation a pu être maîtrisée, en 2004, à 2,3% et l'endettement extérieur a reculé de 4,5%, pour atteindre 31,7% du PIB. Tout comme la Tunisie, l'économie marocaine dépend fortement d'un seul secteur, à savoir l'agriculture. Cette dépendance a mis à risque la croissance économique du pays d'autant plus que l'agriculture dépend, elle aussi, des conditions climatiques. Le secteur de l'industrie au Maroc, à l'instar des pays du Maghreb, souffre également de lenteurs dans sa réforme. « La poursuite des réformes est indispensable pour profiter davantage des opportunités offertes par l'ouverture du Maroc. Une ouverture qui a atteint un nouveau palier avec la signature d'accords de libre-échange avec les Etats-Unis, trois pays arabes (Egypte, Jordanie et Tunisie) et la Turquie », ajoute le rapport.