En attendant la confirmation ou l'annulation du projet de la future Station de traitement et d'épuration des eaux usées (STEP), la ville de Skikda continue de déverser ses résidus liquides dans la mer et, des fois, des fuites occasionnées dans le réseau d'assainissement épandent ces restes à l'air libre même. La quantité des déchets liquides de Skikda, qui équivaut aux rejets de plus de 180 000 habitants, est très importante et elle a longtemps pollué le milieu marin déjà fragilisé par les déversements industriels de la plate-forme pétrochimique et d'autres installations classées comme l'unité de marbre. Mais en dépit de cette problématique propre à la ville et qui mérite une attention particulière et une solution certainement onéreuse afin de préserver les côtes locales, il y a cependant d'autres vecteurs de « prophylaxie » venant en aval et qui ne devraient pas êtres occultés pour autant. Et en attendant cette fameuse STEP, il serait urgent d'exploiter d'une manière plus optimum les infrastructures existantes en matière de gestion des réseaux d'assainissement. A cet effet, l'état des trois stations de relevage de la ville de Skikda laisse vraiment à désirer et leur réhabilitation est plus que nécessaire. Faisant partie du système d'assainissement propre à la ville, les trois stations servent surtout à réguler le transfert des eaux usées en assurant une fluidité pour éviter surtout tout risque d'inondation, voire de contamination des sites. La répartition géographique des stations semble être décidée en fonction des spécificités géographiques de la ville. Elles sont toutes les trois situées sur les zones périphériques : une à Stora, une à Zeramna et la dernière à Merj Eddib. Elles fonctionnent essentiellement grâce à des pompes submersibles. La station de Stora devait en principe refouler les eaux usées du port vers la mer. Chose qu'elle n'accomplit pas convenablement car dans la réalité les eaux se déversent aussi bien au niveau du port que sur les plages. Les causes de cette défectuosité reviennent à l'état des deux pompes : la première accuse un manque de protection mécanique et la seconde manque carrément d'accessoires. La situation au niveau de la station de Zeramna (périphérie sud de Skikda) n'est guerre reluisante. Bien au contraire, le mauvais rendement de cette dernière a été quelque part encouragé par l'existence à quelques mètres seulement d'un oued dont on se sert comme moyen de déversement à chaque pépin relevé dans la station. Une solution de facilité qui a priori semble avoir nettement contribué au délaissement de l'état des 3 pompes et à causer d'innombrables débordements d'égouts en aval. D'ailleurs le rendement de deux des trois pompes n'obéit à aucune considération technique, quant à la troisième, on ne la mentionne même pas. La situation de la dernière station, celle de Merj Eddib, est encore plus catastrophique, car elle représente en théorie la station principale de Skikda. Elle a été conçue pour déverser, par le truchement d'un collecteur, toutes les eaux collectées de la ville. Elle devait également servir de réceptacle des eaux usées et des eaux pluviales. Mais dans la pratique, rien de tout cela n'est vrai. D'abord, quatre des six pompes sont quasiment défectueuses et le bâtiment abritant les installations vit la même décrépitude. Ensuite, une anomalie, trop grossière pour passer inaperçue, caractérise le rendement de cette station : la canalisation émanant de la station pour refouler unitairement les eaux pluviales dans l'oued déverse étrangement les eaux usées ! Par quel miracle ? On n'en saura rien ! Mais ce que nous croyons savoir, c'est que si cette situation venait encore à durer, des quantités énormes d'eaux usées auraient certainement à déborder. Les maladies à transmission hydrique ne constitueront alors plus un risque, mais un fait. Néanmoins, et après l'installation à Skikda d'une antenne de l'Office national de l'assainissement (ONA), des démarches ont été entreprises par cet organisme auprès de l'APC de Skikda, qui, nous laisse-t-on comprendre, aurait manifesté une nette volonté de prendre en charge ce problème. Si une telle éventualité venait à se confirmer et surtout à se concrétiser, ce serait déjà un grand pas dans la prise en charge de l'assainissement de toute la ville.