Les participants à la 4e conférence biannuelle du Forum des éditeurs africains (TAEF), qui s'est tenue à Bamako le 14 octobre dernier, ont élu le directeur de publication de l'hebdomadaire burkinabais le Bendre, Cheriff Sy, en qualité de président de l'organisation. Cheriff Sy, qui fut le vice-président du Forum trois années durant, succède ainsi à Mathatha Tsedu, directeur de l'académie sud-africaine de journalisme Media24. Il aura pour bras droit (vice-président) Mondli Makhanya, rédacteur en chef de la société sud-africaine de médias Avusa et président du Forum des éditeurs de presse sud-africains (SANEF). Elizabeth Barratt, actuellement directrice adjointe de l'académie de journalisme Media24, et Rosemary Okello Orlale du Kenya ont, pour leur part, été élues respectivement secrétaire générale et trésorière du TAEF. Outre l'élection d'un nouveau bureau exécutif, les membres du TAEF ont saisi l'opportunité de la rencontre – qui a rassemblé plus de 190 éditeurs, responsables éditoriaux et formateurs dans le domaine des médias issus de 36 pays – pour faire l'état des lieux de la liberté de la presse à travers le continent. Les débats ont révélé une évolution pour le moins encourageante en Afrique de l'Ouest où la plupart des pays ont accepté de dépénaliser le délit de presse. C'est le cas, particulièrement, du Mali, du Liberia, du Burkina Faso et du Ghana qui ont récemment répondu favorablement à la demande pressante du TAEF de mettre fin au harcèlement et à l'emprisonnement des journalistes. Le plus bel exemple est donné par le Niger qui, bien qu'actuellement gouverné par une junte militaire, a décidé non seulement d'abroger les lois liberticides mais également accepté le principe selon lequel le traitement des délits de presse doit être du seul ressort des journalistes. La région de l'Afrique du Nord, qui regroupe le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et l'Egypte, enregistre en revanche une grande régression. Si la Tunisie et la Libye, comme toujours, ne laissent toujours aucune marge à la libre expression, le Maroc est actuellement en train de remettre en cause certains espaces de libertés concédés sous le règne de Hassan II. La preuve : de nombreux journaux ont été fermés ces cinq dernières années. En Algérie et en Egypte, la situation n'est guère meilleure puisque les pouvoirs de ces deux pays cherchent régulièrement aussi à contrôler la presse. En Afrique, l'Erythrée et la Somalie restent toutefois les derniers de la classe puisque ce sont des pays où l'on assassine encore des journalistes. Une situation que les participants ont tous qualifiée d'«insupportable» et d'«intolérable». Compte tenu justement du constat alarmant dressé par des reporters exerçant notamment dans des pays en crise, les participants à la 4e conférence du TAEF ont insisté pour que les gouvernements assurent la sécurité des journalistes et demandé à l'Union africaine de trouver des mécanismes pour faire appliquer ses propres protocoles prévoyant la protection de la liberté des médias et la liberté d'expression. Par la même occasion, les membres du TAEF ont appelé les Etats membres de l'UA à signer la Déclaration de Table Mountain et d'adopter des lois facilitant l'accès à l'information. Ils ont exhorté, en outre, les médias du continent à faire du 20e anniversaire de la Déclaration de Windhoek une opportunité pour sensibiliser les Africains sur l'importance de la liberté de la presse. A rappeler que le Forum des éditeurs africains a été lancé en 2003 et a pour objectifs de renforcer la qualité du journalisme et de promouvoir et de défendre la liberté et l'indépendance des médias en Afrique.