Président de la République : nous restons attachés à la politique sociale de l'Etat    Le président de la République plaide pour une "réforme approfondie" de l'ONU    L'appel à réviser l'accord de 1968, slogan politique d'une minorité extrémiste en France    Révision de l'accord d'association Algérie-UE à partir de l'année prochaine    Instaurer un dialogue national sérieux pour immuniser l'Algérie    Adhésion de la Confédération nationale du patronat algérien au Conseil du renouveau économique algérien    Le Président de la République reçoit un message de félicitations de son homologue irakien pour sa réélection pour un second mandat    Le Grand-Duc de Luxembourg félicite le président de la République pour sa réélection pour un second mandat    Festival international d'Oran du film arabe: le film "Youm" du réalisateur Bahreini Ahmed Akbar ouvre le concours des courts métrage    Qualifs-CAN2025/Togo: "On veut aller chercher les six points face à l'Algérie"    Sahara occidental: l'Algérie exprime sa satisfaction concernant la décision de la Cour de justice de l'UE    Lancement de la 2e grande campagne de nettoyage à Alger    Belmehdi met en exergue la portée du rayonnement des Ouléma algériens en Afrique et dans le monde    Recul du nombre de cas de paludisme à Tin Zaouatine    Mouloudji met en valeur les réalisations dans le domaine de l'industrie cinématographique    De Mistura tient une réunion de travail avec des dirigeants sahraouis aux camps des réfugiés à Chahid El Hafed    La lutte incessante de Gaza pour sa survie    Accompagnement de la dynamique économique dans la wilaya    La sélection algérienne U16 présente à Douala    L'USMA vainqueur, l'USMK et le CSC accrochés    Medane appelle à une réflexion sérieuse sur l'arbitrage    Didouche appelle les opérateurs à contribuer à la réussite de la saison touristique saharienne    La composition, l'organisation et le fonctionnement, fixés    Saisie d'une importante quantité de cocaïne et de boissons alcoolisées, deux arrestations    La drogue et les secrets d'une dérive de la jeunesse    Raccordement de 647 exploitations agricoles au réseau électrique    Situation et mutations géopolitiques dans les zones d'intérêt commun examinées    Organisation de 7 marchés saisonniers spécialisés pour réguler les prix    Quel message envoient les salves de missiles iraniens à «Israël» ?    Lancement des travaux d'urgence dans les plus brefs délais    La journaliste palestinienne Bisan Owda remporte un Emmy Award, malgré les tentatives d'intimidation    Seddik Mahi se lance dans l'écriture d'un nouveau recueil sur les héros de la résistance    Jeux scolaires Africains 2025: l'Algérie abrite la 1re édition en juillet prochain    Cas de paludisme et de diphtérie dans le Sud: vaccination impérative de tous les habitants des régions affectées    CAN-2025: une liste de 26 joueurs pour la double confrontation face au Togo dévoilée    Une délégation du Conseil de la nation participe à la 4e partie de la session ordinaire 2024    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Sur les bordures de la haine et de l'amour
Al Remisse, premier roman de Nacer Alloui
Publié dans El Watan le 04 - 11 - 2010

Al Remisse, premier roman de Nacer Alloui, trace des sillons dans la chair vive de l'Algérie des années 1990.
Bourhane traverse la vie comme un homme qui marche dans une vallée enneigée une nuit d'hiver. Le froid l'enveloppe plus que la peur. Ou plutôt le contraire. Pourtant, la peur était bien présente dans son pays, l'Algérie, basculée dans la violence, la folie, les tourments et les intrigues, par la force des vents et des tempêtes artificielles. Des vents sortis des ravins du diable et des tempêtes fabriquées par les esprits malsains. Bourhane, le personnage central de Al Remisse, premier roman de Nacer Alloui, paru en langue arabe aux éditions Dar Al Farabi à Beyrouth au Liban, est un agent secret. Sa mission est double : il travaille pour les services secrets mais également pour un réseau appelé «El isfandj» (L'éponge), sorte de département parallèle, un service clandestin. Il est partagé entre le devoir patriotique et l'amour fou. En fait, il est sur les bordures autant de l'amour, de la haine que de la déprime.
D'abord l'amour. Ryma est l'astre du jour pour Bourhane. Elle est ce jardin fleuri des jours de sécheresse. Bourhane, un homme blessé, a cru jusqu'au bout de ses entrailles à cet amour ou, à défaut, à l'espoir. Il pensait qu'il était éternel. Solide comme les roches de Constantine, sa ville natale. Mais, Ryma a d'autres projets. Elle se marie avec un commerçant fortuné, comme l'aurait fait une princesse des contes de fées, mais dit qu'elle aime Bourhane. La vie double. Comme celle de Bourhane. La doublure partout : «Elle lui dit : ‘‘Demain, mes fiançailles seront célébrées''. Il ne dit mot, met sa tête entre ses mains, ne comprend pas comment elle peut puiser de toutes ses forces dans la source de son amour, et puis, elle se lie en mariage avec un autre homme». Ryma tente de le convaincre que vivre sur les bordures est mieux que plonger dans des plaisirs construits sur la tristesse des autres. Bourhane, qui s'est habitué au choc, comprend que le temps est un cimetière sans plaques tombales. Dix ans sont déjà passés. Comme la fameuse «décennie rouge» qu'a vécue l'Algérie. Bourhane est chargé d'infiltrer les milieux extrémistes en France pour surveiller les réseaux d'acheminement d'armes vers l'Algérie. La violence a, elle aussi, plusieurs portes. De retour à Alger, un jour de pluie, il rencontre Saïd, son ami d'enfance, un syndicaliste devenu islamiste. Changer les chemises, à défaut de vestes, n'est-elle pas une spécialité nationale ? Abdelmalek, un autre ami, est enseignant, désigné maire, un DEC, selon le langage de l'époque.
«Ainsi, l'Algérie change. Tous les postes sont pourvus par désignation, du maire au président de la République, comme s'il s'agit de mettre des pions dans un jeu d'échec», lance Bourhane à l'adresse de ses amis, réunis dans un café. La gestion des DEC, entre 1991 et 1997, n'a jamais fait l'objet de bilan public. Tant d'argent détourné, tant d'argent gaspillé ! Wahid, un cadre militaire, se joint à la discussion du café. Chacun va de son commentaire, de son idée, de sa «république»… Pour les uns, les fondamentalistes sont les «nouveaux conquérants» et, pour les autres, les partisans du «parti de l'administration» sont «les nouveaux colonisateurs». Bourhane apprend de ses amis qu'Arezki, un autre copain, a été sauvagement tué dans son appartement. Qui se souvient encore de l'assassinat du sociologue M'hamed Boukhobza, chez lui, en plein cœur d'Alger ? D'une rencontre avec Ayoub, un colonel, Bourhane apprend que tous les efforts fournis pour circonscrire l'activité des groupes armés percutent «des buts cachés» qui reportent «la fin de la guerre et font perdre toutes les occasions de mettre fin à la corruption et l'intégrisme», lui lance-t-il. La fameuse théorie du niveau «tolérable» de la violence ? «J'ignore beaucoup de choses, mais l'ignorance dans notre milieu est un bonheur, un contrat de garantie de notre vie», confie Ayoub à son ami.
Bourhane sera chargé plus tard d'une mission complexe qui le mettra dans les gorges du Rhummel, face à son passé et à des rencontres inattendues, à des surprises, à la fatalité du destin et, probablement, à la délivrance. Nacer Alloui, ancien journaliste à la télévision, qui travaille et vit actuellement à Doha, semble avoir écrit ce roman pour se libérer d'une blessure ou plutôt d'une douleur ancienne et profonde. Il a peut-être écrit le roman qu'il fallait sur un pays qui se met, à chaque fois, en dehors de l'histoire. Un pays qui s'arrange, par la faute des pouvoirs en panne d'idées, à passer à côté du bon chemin et à s'engager dans les sentiers qui mènent au prochain gouffre ! La sincérité se dégage clairement du roman de Nacer Alloui écrit comme un polar passionnant. Il peut annoncer d'autres écrits sur une période qui a marqué une génération et qui peut nourrir toutes les fictions possible. Peut-être même au-delà. N'est-ce pas là la littérature dans toute sa splendeur. Même si la littérature, comme le cinéma d'ailleurs, ne peut refaire l'histoire ni blanchir des pages devenues noires par la faute des hommes…


- Al Remisse de Nacer Alloui.
Dar Al Farabi, P.O Box 11/3181, code postal :
Beyrouth, Liban
www. Dar-alfarabi.com


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.