Charles Simon, avocat au barreau de Paris, a animé, avant-hier au CCF de Constantine, une conférence-débat intitulée : «Histoire d'une catastrophe annoncée». Entre l'irrésistible envie de se mettre en avant, notamment via des réseaux sociaux tels que facebook, H15 et autres et la demande de protection de sa vie privée, l'internaute est aujourd'hui confronté au risque bien réel de subir de plein fouet une atteinte caractérisée à sa liberté individuelle. Me Simon, qui exerce principalement en risque industriel, en contentieux brevets et en droit des technologies, tire la sonnette d'alarme en mettant le problème de la protection de la vie privée sur le tapis. Pour étayer le bien-fondé de ses craintes, il citera quelques exemples malheureux d'atteinte à la vie privée des internautes, entre autres, le premier cas de «catastrophe annoncée», celui de Bénédice S. En 1999, cette jeune fille, alors âgée de 18 ans, avait fait part de certains détails de sa vie sexuelle sur Usenet (ancêtre des forums de discussion) ; 12 ans plus tard, ses confidences porteront un préjudice énorme à sa vie professionnelle, puisque ses employeurs en tiendront compte. Invoquant «la loi informatique et libertés», elle demandera à Google, par le biais de son avocat, de désindexer ses messages. Réponse du tribunal : «B. S. a publiquement divulgué sa vie privée – en la racontant – l'indexation par Google n'est a priori pas illégitime.» L'avocat citera en revanche un cas de «succès», où le plaignant, en l'occurrence Cyrille V., a obtenu gain de cause après que le journal Les Echos ait rapporté les détails des sanctions prononcées contre lui dans un délit boursier. Son avocat ne fera pas appel à la fameuse «loi informatique et libertés», mais à celle du «droit à la vie privée». Toutefois, le procédé ne peut être efficace dans tous les cas de figure, sachant que les serveurs de Google ne sont pas situés en France et que, par contre, cette loi n'est pas applicable pour ce moteur de recherche. Qu'en est-il en Algérie ? Ce qui donne froid dans le dos, c'est que même votre boîte email n'est pas à l'abri du piratage, pour peu que vous ayez un ennemi ayant juré votre perte. Le conférencier posera la question suivante : «Que reste-t-il de la protection de l'individu face à l'informatique et aux réseaux ?» Il citera trois solutions ayant été proposées : «Les saintes-nitouches » qui s'engagent à ne pas utiliser les moteurs de recherche ni les réseaux sociaux comme outils d'enquête, «les 8 lois du personal branding» (faites plutôt pour promouvoir les marques) et les «comiques», qui préconisent de changer de nom, de s'exclure volontairement ou encore d'adhérer au dicton qui dit : «Pour vivre heureux, vivons cachés». En conclusion, l'orateur préconise une législation relative au droit international privé.