Tamanrasset est en train de mettre à mal la densité de l'acacia dans les zones désertiques qui l'environnent. L'explication est simple : en grandissant, la ville a besoin de se doter en lieux de restauration toujours plus nombreux et certains de ces derniers, connus dans la région sous l'appellation de «maynamas», préfèrent utiliser pour leur cuisson, notamment celle des grillades, du bois de chauffe. C'est ainsi que le commerce du charbon d'acacia est devenu florissant sur un terrain voisin du marché à bestiaux. Proposées en grand sac de 20 à 30 kg pour un prix de 800 à 1000 DA, ou en colis beaucoup plus accessible (2 à 3 kg), les quantités de ce produit ont tendance à augmenter parce que les «maynamas» préfèrent de plus en plus des grillades par exposition indirecte au feu. Le goût des aliments est meilleur, mais cela demande plus de charbon donc plus de bois et, par conséquent, plus d'acacias abattus. Les prélèvements sont maintenant à surveiller sérieusement parce qu'ils sont en train de déséquilibrer les capacités de renouvellement de la population de cette essence. L'impact est à considérer sur deux aspects. L'acacia est indispensable pour les nomades qui demeurent, parfois des semaines, sans entrer dans une agglomération, alors qu'ils ne disposent que de cette seule source d'énergie pour leurs besoins domestiques. A signaler par ailleurs que contrairement aux marchands de charbon, les gens du désert ramassent du bois mort et donc ne dégradent pas le tissu végétal. Deuxième aspect : le tissu végétal est une richesse éternelle, donc à sauvegarder toujours Or, dans le Hoggar, ne subsiste presque plus que l'acacia, une essence épineuse qui, au bout de quelques milliers d'années, s'est dotée de fabuleuses capacités de résistance aux dures conditions du désert. D'ailleurs, dès qu'il pousse sur les abords d'une rivière où l'humidité et même quelques quantités d'eau se maintiennent sous les sables, cet arbre étonnant s'épanouit dans une explosion de branchages verdoyants en donnant à l'endroit qu'il colonise l'aspect d'une oasis accueillante. Il régresse ; sa taille se rabougrit et ses feuilles deviennent plus défensives lorsqu'il manque d'eau pendant de très longues périodes. Mais, et c'est le plus important, il arrive à survire aux privations les plus mortelles. Voilà pourquoi cet arbre mérite considération et protection.