La hausse de l'inflation et la forte appréciation du real sont source d'inquiétudes au Brésil et leur contrôle exige plus d'effort des autorités du pays, selon les analystes. «Inflation et changes sont les deux grands défis de l'économie» et peuvent être considérés comme «le prix à payer pour le succès économique du Brésil», a souligné vendredi dernier un analyste. Le taux d'inflation d'avril a en effet atteint 0,7% en un mois et 6,51% sur douze mois, un taux supérieur au plafond fixé à 6,5% pour 2011, selon des chiffres que vient de publier l'Institut brésilien de Géographie et Statistiques (IBGE). Depuis le début de l'année, la hausse des prix est de 3,23%. La principale mesure pour contenir l'inflation, qui a atteint 5,9% en 2010, a été de relever à 12% le taux directeur de la Banque centrale, aujourd'hui le plus élevé des pays industrialisés et émergents. Cette mesure a un coût élevé pour les secteurs productifs parce que cela rend plus onéreux l'investissement et freine la croissance. Cela encourage aussi les entrées massives de capitaux à court terme qui poussent le real à la hausse. La devise brésilienne s'est appréciée de plus de 38% depuis l'apogée de la crise financière mondiale en 2008, d'après l'Institut d'études pour le développement industriel (IEDI). Avec le real surévalué, l'industrie brésilienne est devenue moins compétitive et, pour la première fois depuis des décennies, en 2010, l'exportation des produits de base brésiliens a dépassé celle des produits manufacturés. «Nous ne pouvons pas accepter cette surévaluation de la monnaie qui ferait que le Brésil devienne spécialisé dans l'exportation des matières premières et ait une atrophie du secteur des produits manufacturés», a mis en garde le ministre des Finances cette semaine lors d'une audition devant le Parlement. M. Mantega a dénoncé l'existence d'»une guerre des changes» dans le monde qui favorise les pays ayant des monnaies dévaluées comme le dollar et le yuan. Pour ce qui est de l'inflation, le ministre a déclaré que cet indicateur «commencerait à reculer à partir de mai» grâce à la baisse des prix des matières premières dans le monde, ainsi que des produits alimentaires et des combustibles au Brésil.