Keziah Jones ne sait pas si tous les Algériens connaissent sa musique puis qu'il est rare de trouver ses albums dans les magasins en Algérie. Mais, lui, maître incontesté du blufunk, connaît le raï et parle, avec le sourire, des chebs Khaled et Mami. Keziah Jones a rencontré les journalistes, jeudi après-midi à l'hôtel Panoramic à Constantine, quelques heures avant son concert événement (hier soir au palais de la culture Malek Haddad). «J'ai une idée aussi sur la musique gnawa en raison de son origine ouest-africaine», a-t-il dit. L'artiste britannique d'origine nigériane, qui a déjà visité la Tunisie et le Maroc, a déclaré qu'il est venu en Algérie pour voir «comment cela se passe». «En suivant l'actualité du monde arabe, j'étais un peu hésitant. Mais, là, je suis excité à l'idée d'être en Algérie», a-t-il confié. Selon lui, les problèmes de l'Afrique sont anciens. «L'Afrique a souffert du colonialisme, du néocolonialisme et aujourd'hui de la globalisation. Il faut redessiner les frontières en Afrique et permettre à la population de profiter et gérer réellement des richesses naturelles sans passer par des intermédiaires», a-t-il plaidé. Keziah Jones est revenu sur sa récente mésaventure à la gare du Nord de Paris où il a été malmené par des policiers français en descendant d'un train venant de Cologne en Allemagne. «On m'a interpellé pendant plus d'une heure et bousculé. Je ne sais même pas pourquoi ? Cela arrive en France assez régulièrement. Je vais déposer une plainte officielle», a-t-il raconté. Keziah Jones a animé hier un atelier de formation pour les jeunes musiciens. «Cela est important pour moi. Je le fais souvent au Nigeria où j'ai un studio. Il faut être artiste sur scène et continuer à avoir des relations avec les jeunes pour les former. Pour réussir, il faut chercher l'originalité sans précipiter les choses», a-t-il souligné. Il a annoncé la sortie prochaine d'un album écrit au Ghana, au Nigeria et en France. Deux titres de ce nouvel opus ont été interprétés hier soir.