La Syrie a totalement plongé dans l'horreur. Le président Bachar Al Assad et son parti Baath ont déclaré la guerre au peuple syrien, qui est désormais menacé d'extermination. Il est difficile de comprendre l'obstination et les crimes du régime. L'attachement au pouvoir n'explique pas ces crimes multiples contre l'humanité. Hier, 250 chars ont été déployés contre deux villes, selon une association de défense des droits de l'homme. Une force blindée aussi importante n'a jamais été déployée durant toutes les guerres israélo-syriennes. Les appels à la retenue, les menaces de sanctions sévères lancées des quatre coins de la planète ont laissé de marbre le dictateur syrien, qui prend de plus en plus le visage d'un monstre alors qu'il était crédité, il n'y a pas si longtemps, d'humanisme. Avant-hier, il a poussé le cynisme jusqu'à signer un décret autorisant le multipartisme alors que le massacre des innocents se poursuivait. Même les régimes arabes, d'habitude très solidaires entre eux, ont fini par désapprouver et condamner le génocide. En effet, les pays du Golfe, pourtant adeptes de la politique des trois singes, ont dénoncé la brutalité de la répression et la rue arabe a commencé à bouger au Caire et à Tunis, là où la révolution est en cours. Les grandes démocraties ne peuvent pas faire grand-chose, sauf une résolution de condamnation du Conseil de sécurité, si la Chine n'oppose pas son veto. Embourbées en Afghanistan, en Irak et en Libye dans des guerres coûteuses, elles ne peuvent pas se permettre et n'ont pas les moyens d'ouvrir un autre front. Le peuple syrien, qui fait preuve d'une grande dignité, d'un immense esprit de sacrifice et d'une détermination sans faille, refuse lui-même toute ingérence étrangère. C'est là où le monde arabe peut jouer, pour une fois, un rôle historique. Le régime de Damas s'est totalement isolé sur la scène internationale, ressemblant désormais à celui de la Corée du Nord. Il lui reste quelques liens avec certains pays arabes et l'Iran, avec lequel les affinités sont profondes. S'il se dégage de l'influence négative des mollahs, une lueur d'espoir pourrait poindre à l'horizon. Il y aussi la solution interne, telle une révolte de l'armée. Pour l'instant, malheureusement, l'impasse est totale. Et le peuple syrien est victime d'un crime contre l'humanité.