La tension est montée d'un cran en Syrie. Des chars et des blindés sont intervenus hier dans la ville de Deraa, épicentre de la contestation. La réaction a été sanglante, faisant au moins 25 morts, selon des militants des droits de l'Homme. Ainsi, le régime du président Bachar Al Assad semble avoir opté pour la solution militaire afin d'étouffer le mouvement de contestation grandissant au fil des jours. Depuis six semaines, le pays est pris dans une agitation des plus extrêmes. En dépêchant des milliers de soldats à Deraa, à 100 km au sud de Damas, ainsi que dans d'autres villes du pays, la situation risque de se durcir. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a demandé «l'arrêt immédiat des tueries en Syrie». Au lendemain d'une journée sans incidents à Deraa, sous le couvert de la nuit, plus de 3 000 soldats et autres forces de sécurité, appuyés par des blindés et des chars ont pénétré dans cette ville agricole de 75 000 habitants. La Syrie a fermé ses frontières terrestres avec la Jordanie. Une information démentie par les autorités syriennes. D'autres opérations des services de sécurité ont eu lieu à Douma, 15 km au nord de Damas, et à Al-Maadamiyeh dans la banlieue de la capitale. Les écoles sont fermées et les fonctionnaires restés chez eux. Les autorités procèdent depuis vendredi, jour d'une importante mobilisation des contestataires et d'une répression qui a fait plus de 80 morts, à une vague d'arrestations, dans plusieurs villes, dans les rangs des militants opposés au régime. Jeudi dernier, Al Assad avait levé l'état d'urgence en vigueur depuis près de 50 ans et annoncé une série de réformes importantes. Mais le pouvoir semble avoir du mal à trouver une issue au mécontentement populaire. Les heurts ont fait depuis vendredi environ 160 morts, selon des militants et des ONG internationales. Les contestataires exigent la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus politiques ainsi que la fin de la mainmise des services de sécurité sur la société et la suprématie du parti unique Baath. Face à la répression, le plafond des exigences est monté. D'un autre côté, dix soldats syriens ont été tués dans une embuscade tendue par des individus armés dans le village de Nouaïma près de Deraa, selon la télévision publique syrienne. La mort des soldats syriens corrobore la thèse du pouvoir selon laquelle la contestation serait manipulée par l'étranger. La crise syrienne est sérieusement suivie dans le monde. Le président américain Barack Obama s'apprêterait même à imposer des sanctions contre le régime syrien à cause de son attitude face au mouvement de contestation populaire, selon le Wall Street Journal. Parmi les options de sanctions examinées par le gouvernement américain figurent un décret présidentiel qui prévoit notamment le gel des avoirs de responsables syriens et l'interdiction de relations d'affaires avec les Etats-Unis, selon un haut responsable américain. M. B.