La police est intervenue pour « forcer » ces familles à quitter les lieux qui font partie de l'assiette foncière dédiée à la réalisation du projet de la Grande mosquée d'Alger. Quatre hommes ont été arretés. Quatorze familles occupant les locaux de l'école des sourds-muets de Mohammadia (ex-Lavigerie) ont été relogées, hier, dans des logements neufs à Tessala El Merdja et à Saoula. L'opération a commencé vers trois heures du matin. Quelques familles se sont opposées aux agents communaux qui assuraient l'opération. La police est intervenue pour «forcer» ces familles à quitter les lieux qui font partie de l'assiette foncière dédiée à la réalisation du projet de la Grande mosquée d'Alger. Un projet auquel tient particulièrement le président de la République. Un important dispositif de sécurité assurait le bon déroulement de l'opération assurée par des dizaines de camions. Les représentants des familles ont dénoncé «l'opération musclée» des services de sécurité qui «ont utilisé de la force physique pour nous faire sortir de nos habitations que nous occupons depuis plus de 25 ans, pour une grande partie d'entre nous». Une mère de famille, exerçant comme professeur à l'école des sourds-muets, montre des égratignures qui attestent, selon elle, «la violence des policiers». Une jeune femme montre une porte défoncée. «Mon père ne voulait pas que les policiers s'introduisent à l'intérieur où nous étions, ma mère, ma tante et moi. C'était la nuit et nous étions en pyjama. Les policiers ont défoncé la porte et sont entrés de force à la maison, nous sommant de sortir nos affaires.» Selon les témoignages recueillis sur place, 4 hommes, dont un mineur, ont été arrêtés et conduits au commissariat de Mohammadia. Le refus de ces familles de quitter ces domiciles est expliqué par le fait que la nouvelle structure destinée à être la nouvelle école des sourds-muets sise à Rouiba se trouve «très loin» de la résidence choisie pour les travailleurs de l'école. «Comment voulez-vous que je rejoigne mon poste à 8h, alors que je suis censée habiter à l'extrême sud de la wilaya d'Alger et l'école à l'extrême est. Aucun moyen de transport ne relie les deux destinations, c'est abracadabrant comme raisonnement», s'insurge une autre enseignante. D'autres travailleurs évoquent «le flou» qui a accompagné le dossier du transfert de l'école. «Comment n'a-t-on pas pensé à nous recaser dans les logements livrés récemment, comme ceux des Bananiers ou Heuraoua qui ne sont pas trop loin de l'école. Faut-il que nous soyons sacrifiés et que les logements qui devaient nous être destinés soient affectés aux privilégiés ?», s'interroge un père de famille. D'autres familles expliquent la résistance par leur rejet de l'idée de démolir une école symbole pour construire une mosquée. «Les enfants scolarisés dans cette école avaient leur espace de détente en plein air, ils jouissaient d'une certaine tranquillité. A la prochaine rentrée, ces enfants handicapés auront droit à une bâtisse sans aucune distinction, figée et étroite.» Abdelmalek Aboubeker, wali délégué de Dar El Beïda, qui était présent à l'école, a déclaré à la presse que «ces familles ont été mises au courant, à maintes reprises, à propos de l'opération de relogement», quant au mécontentement suscité chez les familles, le même responsable dira que «ces familles occupaient illégalement des locaux de la structure. Elles n'avaient aucune raison de se mettre en colère, puisqu'elle sont relogées dans des logements décents». Le président de l'Assemblée populaire nationale, M. Hamitouche, lui, a préféré ne faire aucun commentaire.