Déclarées persona non gratta par les rebelles du CNT, la mission diplomatique algérienne à Tripoli, la capitale libyenne, ainsi que quatre autres familles algériennes ont été évacuées jeudi dans l'après-midi avec succès. Ils ont embarqué en direction de Benghazi à bord du Tasucu, un bateau turc affrété par l'Organisation internationale des migrants (OIM), qui a accosté jeudi en fin de matinée, après l'amélioration des conditions de sécurité dans la zone portuaire, apprend-on auprès de cette organisation. Les Algériens n'étaient pas les seuls à bord, puisque figurait parmi eux un groupe de 263 migrants. «Il s'agit outre des Algériens, des Italiens, des Américains, des Philippins, des Egyptiens, des Libanais, des Suisses, des Indiens, des Soudanais, ainsi qu'un Allemand, un Canadien et un Irakien», détaille un communiqué rendu public, hier, par l'OIM qui ajoute : «Le bateau affrété par l'OIM avec une équipe médicale à bord partira pour Benghazi. A leur arrivée, les évacués seront emmenés dans un centre de transit où les infrastructures pour les accueillir ont été renforcées. Les migrants seront ensuite transportés par l'OIM vers Saloum, à la frontière égyptienne, d'où l'Organisation les aidera à rentrer dans leurs pays d'origine.» Dans ce climat hostile, il n'est pas facile de quitter la Libye indemne. D'autant plus que la crainte des affrontements, des pillages, des tirs de snipers et des contrôles aux frontières empêche les expatriés de quitter leur logement à l'effet de se rendre au port, seul endroit d'où ils pourraient fuir le pays. Pour ce faire, explique le document de l'OIM, les expatriés ont été transportés vers le port depuis plusieurs endroits de la ville, grâce à des arrangements avec les ambassades et d'autres entités compétentes. Parmi eux, la mission diplomatique algérienne, composée de six diplomates, quatre fonctionnaires et deux femmes. Elle a été accueillie dans les locaux de l'ONU à Tripoli après avoir fait l'objet d'une agression et perquisition perpétrée par un groupe de rebelles libyens armés. Dans la nuit du 21 au 22 août, le siège de l'ambassade d'Algérie à Tripoli a été la cible d'une série de violations dont les locaux ont été littéralement mis à sac et les diplomates séquestrés dans une pièce et menacés sans ménagement. Appartenant à la mission, six véhicules parqués à l'enceinte de l'ambassade ont été pris par les agresseurs. Même nos diplomates ont été délestés de leurs biens et argent. Les rebelles ont occasionné d'importants dégâts matériels. Deux jours après, le même sort a été réservé à l'ambassade du Venezuela. Elle a été entièrement saccagée par les éléments insurgés du CNT qui pensaient qu'El Gueddafi s'y était réfugié. Par ailleurs, un deuxième bateau disposant d'une capacité beaucoup plus importante devrait être affrété par l'OIM pour une autre opération d'évacuation samedi. «Bien qu'il n'existe aucun chiffre précis sur le nombre total de travailleurs migrants toujours présents à Tripoli et sur le nombre qui souhaite être évacué, plusieurs milliers ont enregistré une demande d'aide. De nombreux autres, notamment des Africains subsahariens qui vivent aux alentours de Tripoli, pourraient, eux aussi, nécessiter une aide», s'inquiète l'organisation humanitaire OIM qui, depuis le début de la guerre, a déjà assisté quelque 160 000 migrants à quitter la Libye. D'autres étrangers restent sur place, dans l'attente de la reprise de l'activité.