Elle met un terme au déficit de haut de gamme qui sévit chez Citroën depuis le retrait de la XM au printemps 2000. La C6 nous a dévoilé ses charmes le temps d'une découverte emprunte de douceur et d'un grand plaisir. Arrivant dans un segment où Peugeot 607 et Renault Vel Satis luttent difficilement contre des allemandes pleines d'arguments... la C6 nous laisse admirer son style. Evoquant sans détour les DS et CX, idoles de la marque, avec son profil en arc de cercle chutant à l'arrière en pente douce, elle devrait sans mal réveiller la passion des derniers citroënistes en froid avec le style de la maison. Longue et large, elle en impose et met en relief les nouveaux attributs visuels de la marque. En premier lieu, la calandre offre un large double chevron prolongé de chromes qui courent sur toute la largeur de la calandre. Les formes sont douces et rondes, à l'exception des phares aux angles vifs et de la partie arrière, étrange, qui casse un peu la ligne. Les feux arrière en boomerang vertical laissent perplexe, mais saluons le dessin de la lunette arrière, concave (son galbe est inversé), qui donne naissance à une malle de coffre à la découpe quasi circulaire vue de dessus. Des choix qui donnent un accès peu aisé à ce coffre, dont la taille est très quelconque. Une voiture qui arrive à point nommé De profil, l'impression de longueur est renforcée par l'empattement le plus grand de la catégorie (2,90 m), gage d'un habitacle accueillant. Comble de l'audace, un becquet rétractable se dissimule à l'arrière et se lève d'un premier cran à partir de 65 km/h, puis se déploie totalement dès 125 km/h pour un meilleur appui, à la façon d'une Porsche 911... A bord du nouveau joyau Citroën, le bon goût et le sérieux sont au rendez-vous. La place offerte est généreuse et les matériaux sont d'apparence convenable. L'habitacle ne doit sa belle luminosité qu'aux très grandes surfaces vitrées. L'assemblage de la planche de bord est excellent, mais les matériaux sont à améliorer. Le confort des sièges est appréciable, une tradition chez Citroën. Les rangements des contre-portes plaquées de bois font très art déco, tout comme le traitement général raffiné del'habitacle. L'électronique embarquée est digne de la tradition technologique de la marque : le frein de stationnement est électronique, le système d'avertissement de franchissement involontaire de ligne AFIL est très efficace (on sursaute lors des premières vibrations, pour le moins franches) et l'affichage tête haute apporte un vrai plus. A la manière des dernières Chevrolet Corvette et Cadillac, il projette les informations principales (vitesse, incitations du GPS) sur le pare-brise, dans le champ de vision du conducteur. On regrette en revanche la simplicité du volant, loin de l'avant-gardisme de celui de la C4, à moyeu fixe, qui aurait eu tout son sens ici. On retrouve au chapitre équipement dès l'entrée de gamme la suspension active, le déflecteur piloté, la climatisation bizone, un détecteur de sous-gonflage, le capot actif (qui s'élève de 65 mm en cas d'impact avec un piéton pour absorber le choc et l'éloigner du moteur) et 9 airbags, dont un au niveau des genoux. Les options permettent d'ajouter le système AFIL, le GPS ... les projecteurs directionnels ou les jantes 18'' requièrent les finitions Lignage ou Exclusive. Pour motoriser avec classe cette élégante berline, c'est logiquement les 6 cylindres en V essence et diesel de PSA qui ont été choisis. Le premier a déjà équipé d'autres modèles et offre encore de bons et loyaux services sur les 407 et C5 entre autres. Il délivre 215 ch et 290 Nm de couple à 3750 tr/min. Il lui permet une vitesse maxi de 230 km/h, mais est-ce bien là la vocation de ce grand véhicule ? Pour un supplément le moderne V6 2.7 HDi apporte un agrément de conduite non négligeable, aidé par ses 440 Nm de couple disponible dès 1 900 tr/min. Disposant d'une injection directe Common Rail et de 2 turbos à géométrie variable, il gagne ici 4 ch (soit 208 au total), suffisants pour faire de la C6 le modèle diesel le plus puissant du groupe PSA. Il enchante également au niveau sonore, domaine où il n'a pas grand-chose à envier à ses cousins s'abreuvant d'essence. Il est équipé de la dernière génération de filtre à particules qui l'aide à satisfaire aux exigences de la norme Euro IV, mais tombe sous le couperet de la nouvelle carte grise « verte » pénalisant les véhicules rejetant plus de 200g de CO2 par km en Europe. Certains acquéreurs ne rouleront qu'à l'arrière de cette grande berline, laissant gracieusement à leur chauffeur le volant de leur C6, président d'un jour, sur son accueillante banquette arrière où le confort est là. L'idéal pour savourer le confort, le silence et le plaisir d'un voyage à bord du vaisseau amiral Citroën. Mais il est tentant de gagner la place avant gauche pour goûter à sa conduite. Le silence et la grande douceur des commandes prédominent et permettent d'envisager de longs trajets au volant sans fatigue ni lassitude. C'est une tradition chez la marque, le confort est remarquable. La suspension hydraulique active à flexibilité et amortissement pilotés, qui comprend 2 états de raideur et 16 lois d'amortissement, et optimise en toute circonstance la tenue de caisse et la filtration des déformations de la route. Comme ses devancières, celle-ci fait appel aux fameuses sphères dont l'azote contenu en elles joue le rôle de coussin d'air supportant le véhicule. Rapide, cette suspension permet des changements de lois d'amortissement en 2,5 millisecondes, soit jusqu'à 400 fois par seconde. Un mode « sport » est actionnable via un bouton sur la console centrale, celui-ci n'apporte rien de vraiment mieux au comportement déjà très correct de la C6. Sur route humide, celui-ci autorise quelques légères glisses du train arrière, très vite rattrapées par l'ESP. La direction à assistance hydraulique se révèle quant à elle précise, mais un peu trop assistée. La C6 arrive à point nommé pour redorer le haut de gamme, mis à rude épreuve avec une 607 poursuivant son discret bonhomme de chemin et une Vel Satis qui ne remporte pas le succès que son intérieur ou son châssis méritent amplement. Elle présente tout l'ADN Citroën que l'on attendait depuis le concept-car lignage et ne pêche que dans certains détails. Pour l'heure, ses rivales feront une apparition salutaire sur la C6 à la mi-2006. Précisons que Citroën ambitionne de vendre autant de C6 en France qu'en Allemagne et s'imposer sur d'autres marchés, il s'agit là d'un beau challenge à relever, mais qu'en sera-t-il en Algérie ?