Le salon de l'automobile de Genève, qui ouvrira ses portes au public ce jeudi, est le dernier grand rendez-vous professionnel du secteur avant la rechute des ventes redoutée en Europe. Si les grands constructeurs misent sur la croissance des marchés émergents, ils réalisent toujours l'essentiel de leurs ventes dans les pays matures où le principal défi des prochaines années consistera à renouveler suffisamment la gamme pour répondre aux nouvelles attentes des automobilistes et à des normes environnementales de plus en plus strictes. Parmi les nouveautés attendues à Genève, Renault dévoilera son 4x4 low cost "Duster". Le groupe agrandit un peu plus encore la famille Logan, et lance celle-ci à l'attaque d'un segment jusqu'ici peu exploré. En ces temps de crise, la stratégie du constructeur au losange passe aussi par un renforcement des synergies avec Nissan. Dernier exemple en date, la nouvelle berline M d'Infiniti, la marque haut de gamme du partenaire japonais, va partir à l'assaut du marché européen dotée d'un puissant moteur V6 diesel fabriqué par Renault à Cléon. Le directeur général délégué de Renault, Patrick Pelata, soulignait le mois dernier que la crise avait complètement changé la donne dans le secteur automobile, et notamment dans le haut de gamme. "On a la pression sur le CO2, le fait que les gens ne veulent pas forcément mettre autant d'argent qu'avant dans leur voiture, une certaine frugalité qui s'exprime un peu partout", observait-il en marge des derniers résultats de Renault. Les frontières entre les segments se font ainsi de plus en plus mouvantes. Renault dévoilera à Genève "Wind", un coupé deux places long de moins de quatre mètres, tandis que Citroën, qui a déjà lancé la DS3 sur le segment des berlines compactes "premium", va compléter la famille avec une DS4 plus grande que préfigurera le concept "High Rider". Rolls Royce amorcera le chemin inverse avec sa 200EX, surnommée "Baby Rolls", tout comme Aston Martin avec sa compacte Cygnet. Peugeot, de son côté, montrera à la presse sa 408 réservée pour l'heure à la Chine dans le cadre de la stratégie d'internationalisation chère au président Philippe Varin. Pour les marchés occidentaux, la marque au lion dévoilera une voiture préfigurant le passage au chiffre 5 des berlines "statutaires" du groupe, située entre la 407 et la 607, ainsi qu'un crossover 3008 équipé du moteur hybride diesel que PSA a programmé pour 2011. Sont également attendues à Genève la nouvelle Série 5 de BMW et le nouveau SUV Cayenne de Porsche, des modèles haut de gamme placés eux aussi sous le signe de la volonté d'économie puisque des motorisations hybrides seront désormais également proposées sur ces puissantes voitures. "Genève 2010 fera date notamment parce que les hybrides vont vraiment passer de la théorie à la réalité en Europe", commente Michael Tyndall, spécialiste de l'automobile chez Nomura. "Jusqu'ici, les Européens n'étaient pas pressés de lancer des hybrides parce que le gain d'efficacité par rapport au diesel n'est pas aussi flagrant." Visiblement peu ébranlées par les déboires de la dernière Prius de Toyota, les motorisations hybrides côtoieront au Pavillon vert certaines vedettes électriques du salon de Francfort. Cette technologie sera encore incarnée en Suisse par de nouveaux modèles comme la Chevrolet Volt et le dernier bolide de luxe de la marque californienne Tesla. Pour les constructeurs, cette technologie qui bénéficie depuis plusieurs années d'une bonne acceptation auprès du public comporte moins de risque : elle reste relativement moins coûteuse à produire, et moins chère pour le consommateur. Honda, qui à l'instar de Toyota s'est engagé à multiplier les hybrides à son catalogue, apporte à Genève son CR-Z. Ce coupé, petit frère des Civic Hybrid et Insight au sein de la même marque, allie conduites sportive et écologique, avec des rejets limités à seulement 117 g. Mais la grande offensive sur le créneau hybride sera portée par les constructeurs germaniques. Volkswagen et Porsche, désormais liés au sein du même groupe, déclinent pour la première fois leur gros SUV (respectivement Touareg et Cayenne) en version hybride. Ce passage à la technologie essence-électricité rend les deux mastodontes un peu plus sobres ; leurs émissions sont fixées à 193 g de CO2/km, en très nette baisse par rapport aux anciennes versions essence. La motorisation hybride sera également au programme de BMW, avec un concept Série 5 ActiveHybrid qui, comme les X6 et Série 7 affublées du même label, reçoit une motorisation hybride couplée au système stop&start afin d'abaisser sa consommation. Mais aussi sur le stand Ferrari, où le prestigieux constructeur italien doit présenter son premier modèle écolo. Les constructeurs français ne sont pas en reste. PSA qui mise sur l'hybride mariant moteurs diesel et électrique pour réduire davantage la consommation, expose sa technologie HYbrid4 sur ses concept-cars : DS High Rider chez Citroën (la future DS4) et 5 by Peugeot (la future 508). Le premier véhicule hybride de série (Peugeot 3008) est attendu pour le printemps 2011. Il sera dévoilé au public au Mondial de l'Auto de Paris en octobre.