Rien n'a changé dans cette région, qui pourtant avait abrité le QG de l'historique Wilaya II. N'est-il pas temps de faire preuve de reconnaissance envers ceux qui ont tant donné? Fief du quartier général de la wilaya II historique du nord constantinois, le douar de Béni S'bih, en dépit de son passé glorieux, demeure un pauvre bourg rural depuis le recouvrement de la souveraineté nationale. Confiné dans un état de dénuement total, ce vaste territoire d'un peu plus d'un millier d'âmes, le plus peuplé d'ailleurs de la commune non moins enclavée de Ghebala de laquelle il dépend administrativement, attend d'être tiré de sa détresse. De condition modeste, sinon pauvres dans leur écrasante majorité, ses habitants ne demandent pourtant rien de plus que l'aménagement d'une voie de communication. «Tout juste quelques kilomètres d'une route aménagée», clament-ils à qui veut les entendre. Dans ce territoire accidenté et à relief difficile, la nature a limité la marge de manœuvre de ses humbles habitants. Hormis l'élevage caprin, une tradition ancestrale dans ce douar, les villageois n'ont pas d'autres richesses pour subsister qu'un cheptel très réduit d'ovins et de bovins. Le coup de grâce leur a été assené par l'épisode des années du terrorisme qui a contraint à l'exil ceux qui avaient les moyens pour partir. Les plus démunis sont restés sur place. Ils ont affronté avec courage la horde des groupes terroristes qui ont investi les lieux. La fin de cet épisode n'a pas trop changé la donne. L'isolement n'a fait qu'aggraver la paupérisation des lieux et des ménages. Pour se déplacer, les habitants n'ont d'autre choix que d'emprunter des chemins sinueux et accidentés. Eté comme hiver, les gens peinent à se déplacer. Tous les moyens sont d'ailleurs bons pour parvenir à Bordj Ali, le plus proche des villages. L'âne est encore un moyen de transport à Beni S'bih. Tout tracteur ou n'importe quel autre engin, de passage dans le douar, est aussitôt utilisé pour servir de moyen de transport. Dans l'espoir de briser cet isolément, une trentaine d'associations de la commune de Ghebala ont signé une pétition à travers laquelle elles interpellent le wali sur ces conditions extrêmes. Le but est d'attirer son attention pour qu'il inscrive un projet d'aménagement d'une route dans le cadre du plan sectoriel. «Le maigre budget de la commune ne peut prendre en charge une telle opération», arguent-elles. Cet isolement a eu pour conséquence l'exode massif de la population vers les centres urbains de Ghebala et de la commune limitrophe de Settara, délaissant leurs activités agricoles et d'élevage. La souffrance des élèves de la région, ainsi que celle des malades, des personnes âgées et des femmes enceintes est mise en avant comme autre argument pour justifier l'aménagement réclamé, seul espoir de toute une localité pour sortir d'un isolement qui a trop pesé sur la vie des citoyens de ce bout du monde de l'Algérie profonde.