Dans le tumulte qui secoue le football, ses plus fidèles serviteurs tirent leur révérence sur la pointe des pieds, sans faire de bruit. Omar Kezzal lutte contre la maladie dans l'anonymat le plus absolu. Seuls sa famille et un dernier quartier de fidèles l'accompagnent dans son difficile combat pour la vie. Le monde du football, toujours aussi ingrat, l'a déjà oublié alors qu'il est encore de ce monde. Cet homme intègre, propre, compétent et juste a toujours servi loyalement le football. Il n'en a pas fait un tremplin pour accéder à l'échelle sociale, au contraire, il l'a servi avec désintéressement. Il présente une carte de visite de premier ordre. Il a exercé les fonctions de président de la Fédération algérienne de football (FAF) à trois reprises (1982-1984, 1989-1992 et 2000-2001), sans oublier son passage à la Ligue d'Alger et la parenthèse comme secrétaire général de la FAF aux côtés de Abdenour Bekka qui est, lui aussi, souffrant. Omar Kezzal est de la trempe d'hommes et de responsables capables d'appréhender les problèmes du football et de se projeter sur l'avenir. Sa parfaite connaissance des textes réglementaires et des arcanes du football ont fait de lui un dirigeant estimé et très respecté dans le monde si difficile du football. Depuis quelques années, il s'est retiré sous sa tente et suivait de loin l'évolution du football. En quittant la scène, il a rompu avec le milieu du football dans lequel il a baigné toute sa jeunesse. Son ami de toujours, Rachid Khelouiati, ancien président de la Ligue nationale, celui qui le connaît le mieux, ne tarit pas d'éloges sur «ce grand dirigeant du football qui était visionnaire et capable de mener notre football sur, au moins, les cimes du football continental si les moyens avaient suivi et des hommes ne lui avaient pas mis des bâtons dans les roues. Il pouvait donner beaucoup au football. Malheureusement, ‘‘ils'' n'ont pas jugé utile de lui accorder cette possibilité. Lorsqu'il était président de la FAF, il lui arrivait souvent de fournir d'utiles conseils à son homologue français (Fournet Fayard) qui n'hésitait pas à le solliciter de temps en temps». Hassan Zemmam, un fidèle parmi les fidèles, ajoute : «Omar a beaucoup fait pour le football, malheureusement, le contraire n'est pas vrai ! Aujourd'hui, rares sont ceux qui prennent de ses nouvelles. C'est cette ingratitude qui fait le plus mal», conclut l'ancien attaquant de l'ASPTT d'Alger. A 76 ans, Omar Kezzal a tiré un trait définitif sur le football et sa jungle. Dans un coin de son cœur, il lui restera le souvenir inoubliable du seul sacre des Verts en CAN 1990.