Il vient de décrocher le premier prix de la National Science Foundation et fait partie des mathématiciens qui cherchent une solution à l'équation de Navier-Stokes, un des sept problèmes les plus difficiles des maths contemporaines. Le temps d'une année sabbatique, il a quitté Los Angeles pour revenir à Batna. C'est un champion des mathématiques. Un homme d'exception qui compte parmi le club restreint des chercheurs à la traque de l'équation Navier-Stokes. A peine 45 bougies et ses théories sont enseignées dans les universités américaines. Lui, c'est Mohamed Boulenouar Ziane, dit Nabil. Depuis qu'il a décroché son bac au lycée Abbas Leghrour à Batna, l'enfant prodige de Aïn Touta (30 km au sud de Batna) a fait son chemin dans la constellation des matheux les plus célèbres du monde. Aujourd'hui, il est chercheur à temps complet à l'université Southern of California, à Los Angeles, l'une des mieux classées aux Etats-Unis. La grande aventure de Nabil a commencé en 1983, durant sa première année au lycée. Lauréat des olympiades nationales des mathématiques, il remporte en terminale les olympiades maghrébines tenues à Tunis avant de prendre part sous les couleurs algériennes aux olympiades internationales dont les joutes se tiennent en Tchécoslovaquie. Une expérience plus que stimulante pour un adolescent originaire du fin fond des Aurès. Classé troisième au bac, Nabil s'inscrit pour une bourse à l'étranger et accède aux frais de la République algérienne, à l'école centrale de Paris où il fait partie d'une classe qui compte les meilleurs bacheliers français. Le destin extraordinaire de Nabil ne fait que commencer. Après l'école centrale, il rejoint l'université d'Orsay (Paris XI) où il obtient un doctorat consacré aux équations du climat et l'étude de la régularité des solutions. C'est là aussi qu'il est remarqué par le professeur Roger Temmam, membre de l'académie scientifique française. En dépit de la différence d'âge, les deux hommes sont rapprochés par le génie commun et la passion des mathématiques. Cette relation aidera aussi Nabil à réaliser son rêve et à trouver, comme Einstein avant lui, le meilleur chemin vers l'Amérique. Temmam, qui enseigne aussi dans des universités américaines, lui facilite la tâche pour s'installer de l'autre côté de l'Atlantique, d'autant que Nabil avait terminé en parallèle avec sa première thèse, un autre doctorat avec l'université d'Indiana, sur le thème des écoulements des fluides dans les domaines minces. Légende Il s'installe donc au pays de l'oncle Sam et obtient avec facilité un PHD. Sa réputation grandissante lui permettra de travailler à la NASA qu'il quitte au bout d'une année pour aller enseigner à Stanford et ensuite au Texas où il poursuit aussi ses recherches, avant de se fixer à Los Angeles, où il réside toujours. Le don et le talent de Nabil (il préfère parler de «chance») l'ont placé dans le gotha mondial des chercheurs mathématiciens. Respecté par ses pairs et chouchouté par l'université qui l'emploie, il peut être fier aussi de voir ses propres théories enseignées dans des universités américaines. Mieux, Nabil qui vient de décrocher le premier prix de la National Science Foundation participe au développement de la théorie Navier-Stokes, l'un des sept problèmes les plus difficiles des maths contemporaines. Depuis peu, Nabil est rentré en Algérie pour s'offrir une année sabbatique bien méritée auprès de sa mère. Ce long break profite aux étudiants de l'université de Batna qui, grâce à l'initiative de vieux amis mathématiciens et le concours du rectorat, viennent au contact de cette légende vivante, véritable mine d'inspiration et probablement futur lauréat de la médaille Fields, la plus grande distinction pour les mathématiciens. Nabil donne en effet des cours gratuits au département des mathématiques de l'université de Batna et commence aussi un cycle de conférences dans les cités universitaires. Ces rencontres suscitent un engouement inattendu de la part des étudiants qui assistent par centaines et bombardent leur hôte de questions diverses. De quoi inspirer d'autres destins. Nabil, qui reste disposé, dit-il, à faire profiter de ses compétences à son pays, semble éprouver un réel plaisir dans ces moments de proximité utile avec ses jeunes compatriotes.