L'attribution des prix Nobel suscite souvent surprise et mécontentement, et le cru 2008 ne déroge pas à la règle, puisque l'on peut recenser trois grands oubliés. Le Nobel de physique, décerné à l'Américain Yoichiro Nambu et aux Japonais Makoto Kobayashi et Toshihide Maskawaa, a consterné la communauté scientifique italienne. En effet, le physicien Nicola Cabibbo (université de Rome) aurait été le premier à postuler, en 1963, sur les mécanismes de la rupture de symétrie spontanée des particules subatomiques que sont les quarks, qui rendraient compte de l'origine de la formation de l'univers (théorie du big -bang) il y a de cela 14 milliards d'années. Pour le directeur de recherche de l'Organisation européenne de recherche nucléaire (CERN), Sergio Bertolucci, la décision du comité Nobel suédois est « inexplicable », affirme-t-il dans une interview au quotidien La Stampa. Pour lui, les deux Japonais, Makoto Kobayashi et Toshihide Maskawa « ont développé une théorie initialement avancée par Cabibbo ». Autre oublié : le virologiste américain Robert Gallo, de l'université du Maryland, pour le Nobel de médecine. C'est vrai que les Français Luc Montagnier et Françoise Barré Sinoussi étaient les premiers à avoir isolé, en 1983, le VIH à partir de ganglions lymphatiques de sidéens, mais l'évidence patente que le VIH cause le sida n'est venue qu'une année plus tard grâce aux quatre travaux du laboratoire de Robert Gallo (des NIH), publiés dans Science. Toujours pas de maths D'ailleurs, la paternité de la découverte de ce virus s'est vu catapulter au centre de l'arène des brevets sur les tests de dépistage qui en découlaient. A l'annonce des lauréats, Françoise Barré-Sinoussi, présente à la conférence de presse, a également regretté l'absence de Jean-Claude Chermann, l'un des co-signataires de la publication de mai 1983 dans la revue américaine Science. Enfin, le Nobel de chimie 2008 n'est pas en reste. Le biologiste américain Douglas Prashner fut le premier, durant les années 1980, vingt ans après la découverte de la protéine GFP par le Japonais Osamu Shimomura, aujourd'hui récompensé, à isoler son gène et suggérer de le fusionner avec celui de la protéine à étudier (traquer) dans la cellule. Enfin, comme tous les ans, on peut aussi se désoler que les mathématiciens ne soient pas, eux aussi, « nobellisés ». La légende prétend qu'Alfred Nobel aurait refusé d'honorer les mathématiques pour éviter que le prix revienne un jour à Gösta Mittag Leffler, un mathématicien suédois qui lui aurait volé le cœur de sa femme Sophie Hess. Une autre version de l'histoire raconte que le sujet ne l'intéressait pas, lui semblant très théorique. Troisième explication : le roi de Suède avait déjà fondé un prix pour les maths à la demande du mathématicien suédois Gösta Mittag Leffler. Avec la collaboration de Belkacem Meghzouchène