Saisissant l'opportunité de la présence des observateurs arabes dans la région, la population de Homs est sortie, hier, en grand nombre dans la rue pour dénoncer les «crimes» commis la veille par l'armée du régime de Bachar Al Assad. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une trentaine de personnes ont péri hier sous les balles des mitrailleuses lourdes et des obus tirés par les militaires lors d'une offensive qui a duré près de deux jours contre ce bastion de la contestation.L es quelque 70 000 personnes, qui s'étaient rassemblées dans les principales places de la ville dès les premières heures de la journée, se sont par la suite dirigées vers les quartiers de Khalidiyé, de Bab Dreib et de Jab Al Jandali pour y observer des sit-in. Auparavant, les manifestants avaient essayé de pénétrer sur la place Al Saa, la plus grande place de Homs. Ils en ont été toutefois empêchés par des tirs de gaz lacrymogènes. Les forces de l'ordre ont aussi, rapporte l'OSDH, tiré à balles réelles dans une rue menant à cette place, faisant quatre blessés parmi les manifestants. Les médias syriens proches du pouvoir ont affirmé que les observateurs s'étaient rendus dans le quartier de Bab Sebaa à Homs, où ils avaient «évalué les dégâts faits par les groupes terroristes». Les autorités syriennes continuent en effet à soutenir que les «violences» qui ravagent la Syrie, depuis plus de 9 mois, sont dues à des «groupes armés». De son côté, l'opposition accuse le régime de tenter de réprimer dans le sang un mouvement de contestation d'essence pacifique. Ces violences, qui ont déjà fait au moins 5000 morts d'après l'ONU, ont encore coûté hier la vie à 5 civils. L'opposition appelle l'ONU à adopter le plan de la Ligue arabe Les observateurs arabes ont, rappelle-t-on, entamé hier leur mission en Syrie dans le cadre d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe, avec une première visite à Homs. Les membres de la délégation des observateurs arabes ont rallié cette ville dans la matinée, où ils se sont réunis avec le gouverneur de Homs, Ghassane Abdel Al. Arrivé ce week-end à Damas, le général AlDabi s'est félicité de la volonté du gouvernement syrien de coopérer avec les observateurs arabes en vue de parvenir à un règlement pacifique de la crise que traverse le pays depuis mars dernier. «Je vais à Homs. Jusqu'à présent, ils ont été très coopératifs», a indiqué un peu plus tôt le général Al Dabi, en parlant des responsables syriens. Cette mission d'observateurs fait partie d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe qui prévoit l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la plupart des courants de l'opposition, doute néanmoins de la capacité de la Ligue arabe à régler la crise. Partant de ce constat, il a demandé lundi au Conseil de sécurité de l'ONU «d'adopter» le plan de la Ligue arabe sur la Syrie, estimant que celle-ci n'avait «pas les moyens de le faire appliquer». Avant l'arrivée des observateurs à Homs, une dizaine de chars se sont retirés du quartier Baba Amro de cette province, où ont eu lieu lundi des tirs d'obus et de mitrailleuses lourdes, a affirmé l'OSDH, qui a appelé ces derniers jours les observateurs à se rendre tout particulièrement dans cette zone. Ces développements surviennent au moment où le gouvernement a, pour tenter de désamorcer la crise, entamé un processus de «réformes politiques» qui consacre le multipartisme et l'alternance au pouvoir. Cette initiative n'a cependant pas réussi à calmer la colère de la population. L'opposition les considère pour sa part comme une énième manœuvre du pouvoir destinée à gagner du temps et à faire diversion. En guise d'argument, il est rappelé que ces réformes ont été concoctées de manière unilatérale.