La neige a dépassé les deux mètres, la température est descendue en dessous des 7° et les bulldozers luttent depuis samedi contre les amoncellements de neige qui se renouvellent incessamment. La poudreuse s'abat comme un feu d'artifice sur le massif de Chréa depuis plusieurs jours. Les engins dépêchés lundi pour dégager la RN37 ont difficilement atteint La Glacière (1200 m d'altitude) où la neige a déjà dépassé 1,5 mètre à Béni Ali, une petite localité montagneuse à 1000 m d'altitude. A Chréa, des familles entières, venues en touristes avant le déclenchement de la tempête, sont coincées depuis vendredi. La plupart sont hébergées dans un hôtel. Selon M. Beskra, président de l'APC de Chréa, la priorité des priorités est maintenant l'ouverture de l'axe routier reliant Blida à Chréa et le rétablissement de l'électricité, coupée depuis le début de la tempête à ce jour. «Si la tempête continue à la même intensité, Chréa sera décrétée zone sinistrée», a-t-il déclaré. Plusieurs chalets menacent de s'effondrer sous le poids de la neige accumulée sur les toits. Les épiciers de Chréa manquent cruellement de denrées alimentaires alors que les stocks de mazout, très utilisé pour le chauffage à Chréa, restent bien en deçà pour faire face à cette situation climatique des plus exceptionnelles. Chréa est aussi, paradoxalement, une localité sans eau : elle a gelé dans les tuyaux à cause des températures très basses. Pour faire fondre la neige, il faut du feu ou de l'électricité mais faute de gasoil pour faire fonctionner les groupes électrogènes. La seule issue est l'ouverture de la RN37 pour acheminer des vivres en urgence. Au vu des BMS lancés par les services de la météo, tout le monde, au premier rang les autorités locales, sont censés se préparer comme il se doit à cette situation. Une question s'impose : comment, malgré tous les BMS lancés via les médias, les autorités locales de la wilaya de Blida sont restées passives, attendant le fait accompli, mettant la vie de leurs concitoyens en danger ? «Avant de parler d'effort conséquent consenti sur le terrain et de manque de logistique, il faudrait que les autorités aient fait tout d'abord des efforts anticipatifs de surcroît ayant eu trois jours à l'avance toute l'information sur la situation qui va prévaloir», ahuri, débite un habitant de Chréa joint par téléphone. Hier en fin d'après-midi, le wali de Blida et le ministre des Travaux publics ont essayé de rejoindre Chréa par la route ; ils sont restés bloqués à 5 km du chef-lieu de cette commune, au lieudit La Glacière. Les travaux de déblaiement nécessiteront davantage de temps vu l'épaisseur de la couche de neige.