Hillary Clinton, secrétaire d'Etat américaine, fera une halte de quelques heures à Alger, le 25 février. Le but essentiel de la venue de la chef de la diplomatie US au Maghreb est la conférence des Amis du peuple syrien prévue à Tunis demain. Un rendez-vous stratégique qui souligne la mise en avant du rôle diplomatique qu'aura à jouer la Tunisie dans le futur. La tournée du président Marzouki dans la région pour relancer l'Union du Maghreb arabe (UMA) obéissait à une nouvelle démarche politique qui va dans ce sens. Tunis refuse désormais d'être «le petit Etat» de l'Afrique du Nord. La présence de l'Algérie à la conférence de Tunis n'est pas encore confirmée. Une absence pourrait signifier que la politique extérieure algérienne tend à défendre la thèse du régime de Damas, celui qui livre une guerre à sa population et tue les journalistes étrangers. Position délicate. Sans l'importante conférence sur la Syrie, Hillary Clinton ne serait pas venue en Algérie. A Washington, on estime que même si Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, s'est déplacé à deux reprises aux Etats-Unis, la secrétaire d'Etat n'est pas obligée d'agir par réciprocité. Les arrangements du calendrier des déplacements extérieurs de Mme Clinton ont permis la brève halte algéroise. Amar Belani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré à l'agence officielle APS que la venue de Mme Clinton vise «la consolidation de la relation bilatérale multiforme qui lie les deux pays». La responsable américaine n'animera pas de conférence de presse ; elle se contentera d'une déclaration, mais pourrait avoir une rencontre avec des journalistes en off. Aux yeux de l'Administration américaine, l'Algérie – un pays où des persécutions sournoises contre les médias reprennent de plus belle – engage des réformes, mais pas assez. «Nous pensons que l'Algérie, comme tout autre pays, doit répondre aux aspirations de son peuple», a déclaré en octobre 2011 à Alger Jeffrey Feltman, secrétaire d'Etat adjoint américain. En ce sens, les prochaines élections législatives auront valeur de test. Ce n'est pas la participation des Algériens qui sera importante, mais la liberté et la régularité du scrutin. Ce processus est suivi de près, à Washington et à Bruxelles. Est suivie de près également l'ouverture réelle du champ audiovisuel en Algérie. Les tergiversations des autorités algériennes sur ce dossier et la volonté d'encadrer cette «ouverture» inquiètent au plus haut point les partenaires occidentaux de l'Algérie. Le discours du ministre de la Communication, Nacer Mehal, sur «les dérapages et les manipulations», alors qu'aucune mesure effective n'a été prise pour ouvrir le champ de l'audiovisuel, renforce davantage ces craintes. Washington ne relancera pas le processus d'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) tant que la libération des ondes ne sera pas réelle. Pas avant. Cette condition est devenue plus dure après les changements politiques majeurs qu'a connus le Monde arabe avec la chute des dictatures en Tunisie, en Egypte, en Libye et, bientôt, au Yémen et en Syrie. Le rapprochement entre l'Algérie, la Libye et le Maroc sera également évoqué par Hillary Clinton. Les Etats-Unis souhaitent que les deux Etats voisins dépassent leurs différends. L'ouverture de la frontière terrestre entre les deux pays est également recommandée par Washington. Cela a été dit à Mourad Medelci lors de sa double visite aux Etats-Unis. L'instabilité durable dans la région sahélo-saharienne sera aussi discutée par la secrétaire d'Etat américaine avec les autorités algériennes, dont le président Abdelaziz Bouteflika. Après Alger, Mme Clinton ira passer la nuit à Rabat, pour entamer ensuite une visite officielle.