Amine Kaïs est auteur, réalisateur et producteur. Il vit aux Etats-Unis et il a la tête pleine de projets. Sa première œuvre, Les rues d'Alger, est un téléfilm que l'ENTV a produit et passé plus de 20 fois, entre 2001 et 2004. Aujourd'hui, il nous propose un thriller, mais auparavant un documentaire sur Si Lehbib Benyekhlef, son grand-père. Vous travaillez actuellement sur un documentaire, pouvez-vous nous en dire plus ? C'est un travail de mémoire sur le professeur Benyekhlef et le MALG. Si Lehbib Benyekhlef est un personnage fort intéressant, c'était mon grand-père. Je l'ai très peu connu et je suis là pour des entretiens, pour faire témoigner ses amis et ceux qui ont séjourné dans sa demeure à Oujda (Maroc). Là où s'est créée l'école des cadets du FLN et où s'est formé, en partie, le MALG, avec entre autres le colonel Boussouf, le colonel Lotfi et l'ancien président de la République Houari Boumediène. Comment se passent les entretiens ? Je retrouve chez ceux qui l'ont connu la même discrétion et le même tact que j'ai connu chez certains membres de ma famille. J'apprends beaucoup de choses, c'est à la fois enrichissant et émouvant. Je suis très touché par le sourire et la tristesse du discours de ces personnalités, lorsqu'elles parlent de Si Lehbib. A mon avis, c'est le moment de mettre en scène ces hommes de l'ombre, qui ont fait l'histoire de l'Algérie. Pour les générations futures et sans moralisme aucun. Parlez-nous un peu plus de Si Lehbib Benyekhlef... Que Dieu ait son âme, il n'aurait pas apprécié que je parle de lui, car il était très discret et très simple...Il avait beaucoup de retenue et d'humilité. Si Lehbib Benyekhlef était professeur, proviseur, le premier président du Croissant-Rouge algérien, technicien en langue berbère, donc parfaitement trilingue... et il était un nationaliste inconditionnel, qui n'a rien demandé en échange. Son unique but était que l'Algérie soit indépendante. Deux de ses enfants activaient dans la Wilaya V, Taieb, dit Ismet qui était l'adjoint du colonel Lotfi (ancien élève de Si Lehbib Benyekhlef) et Hassan, dit Mounir, qui était dans les transmissions, donc au MALG. Si Lehbib Benyekhlef n'avait pas vu ses deux enfants durant 7 ans, jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Mais pour en savoir plus sur le professeur Benyekhlef, il faudra attendre la sortie de mon documentaire en DVD et autres formats de diffusion. Justement, avez-vous fixé une date pour sa sortie ? Un ami m'a suggéré le 20 août, la journée du moudjahid et le cinquantième anniversaire du congrès de la Soummam. C'est une excellente date, il y a aussi l'événement d'Alger capitale arabe en 2007... Comment avez-vous procédé pour le financement du documentaire ? En plus de mes propres fonds, j'ai une aide du ministère de la Culture et une autre dans le cadre d'Alger capitale du monde arabe en 2007 qui finance et soutient mon projet. En plus de ce documentaire, avez-vous d'autres projets ? En parallèle au documentaire sur Si Lehbib, un long métrage qui s'intitule Assarouf. Ce qui veut dire le pardon en targui. J'ai pris ce titre d'un album de Othmane Baly, que Dieu ait son âme. Assarouf est un thriller, avec un grand acteur maghrébin, Saïd Taghmaoui (Les rois du désert, La haine, Hidalgo). Il y aura aussi des acteurs algériens de renom et des jeunes nouveaux que je lance, ainsi qu'une nouvelle actrice de théâtre américain qui sera en Algérie pour la première fois : Judith Freiha. Voilà, sinon, le montage s'effectuera aux Etats-Unis, il y aura des effets spéciaux classiques (impacts, explosions, cascades...), avec une équipe nord-américaine. Je compte aussi tourner une scène dans le Sud algérien. Je n'ai pas encore fait de repérages. Il devrait sortir en salle entre octobre et décembre 2006, en Algérie, aux USA et en Europe. J'ai également d'autres projets, notamment un film historique et un film d'horreur. Mais avant tout, je dois finir le documentaire, accompagner le montage et repartir pour préparer Assarouf pour juin 2006, s'il n'y a pas de retards administratifs. Qui finance Assarouf ? J'ai réussi à obtenir plusieurs aides, dont le ministère de la Culture, celui de l'Energie et des Mines, Sonatrach, le quotidien El Watan... D'autres structures de l'Etat et industriels privés, qui étudient actuellement le projet, pour une aide éventuelle. Ikosia International Film Productions, (Algérie) et Urban Phobia Productions, LCC (USA) produisent en partie ce film, dont je suis le producteur et coproducteur.