Le boycott dans le contexte actuel constitue une réponse inadaptée, voire une démission et une faute politique, selon Rachid Halet. La participation du Front des forces socialistes (FFS) aux élections législatives prochaines est un choix tactique. Une explication qui pousse certains à s'interroger sur le fond d'une telle option et d'autres à spéculer sur de hasardeuses négociations. Le docteur Rachid Halet, membre du comité d'éthique et tête de liste du FFS à Tizi Ouzou, a bien voulu nous expliquer le sens d'une participation «tactique». «Le FFS est conscient du désintérêt de la population algérienne pour toute échéance électorale en ce moment. Il évalue à sa juste mesure la détérioration de la situation économique et sociale. Il est vivement préoccupé par l'affaiblissement de l'Etat et par la crise institutionnelle larvée, comme par les incertitudes de l'environnement régional et international», explique notre interlocuteur qui souligne que même si «en haut, c'est le statu quo dans les sphères du pouvoir et les groupes dirigeants, malgré toute l'agitation de leur personnel des services, en bas, dans la société, tout bouge et tout va mal, et la situation s'aggrave». Une raison, dira le responsable du FFS, pour ne pas déserter le terrain politique. «Ne pas faire de politique est en ce moment la pire des politiques. La société ne doit plus accepter que l'on décide sans elle, que l'on décide contre elle. Et le FFS doit s'impliquer ; toutes les forces politiques et sociales représentatives qui refusent la décadence du pays doivent s'investir.» Interrogé sur les appels au boycott lancés par certains acteurs politiques qui voient dans la participation une compromission avec le pouvoir, Rachid Halet estime que dans le contexte actuel, «le boycott constitue une réponse inadaptée, voire une démission et une faute politique». Et d'appuyer son argumentaire en disant : «Bien au contraire, il y a urgence à agir, ici et maintenant, et ne pas repousser les initiatives de rassemblement, de remobilisation de la population aux calendes grecques. Nous devons nous relever, nous remettre en cause, nous remettre en mouvement pour relever le pays.» «C'est dans cette logique que nous concevons notre participation à ces élections», ajoute-t-il. Notre interlocuteur souligne que ce qui se passe chez nos voisins, à nos frontières et à l'intérieur du pays «montre à l'évidence que le changement est à l'ordre du jour, qu'il est imminent, qu'il peut être imposé et qu'il est de toute manière inéluctable». Il précise que le changement ne pourra se produire que selon deux voies : la première il sera violent avec un coût politique, humain, économique et socioculturel exorbitant. «Le peuple algérien dans son ensemble, dans son immense majorité ne veut à aucun prix revivre ce type d'expérience ; il l'a bien démontré lors du premier trimestre de l'année dernière. Et ceux qui, aujourd'hui, prônent le boycott devraient s'en souvenir et le méditer ; le régime est toujours là ! Le peuple algérien, lui, n'est pas près d'aller dans la rue sans but clair, il ne croit pas au grand soir.» Quant à la seconde forme du changement, elle est pacifique et «implique négociation et coopération avec toutes les forces politiques et sociales qui poursuivent le même but et acceptent la règle du jeu. Et telle est la voie que le FFS prône. Aller au Parlement dans le contexte actuel, c'est mettre le pouvoir devant ses responsabilités, c'est prendre à témoin l'opinion nationale et internationale. C'est reprendre l'initiative politique et remettre la balle dans le camp des dirigeants ; ils doivent manifester clairement leur volonté ; ils doivent montrer clairement s'ils acceptent ou s'ils refusent le changement».