Le vol d'énergie, dont les principaux foyers sont les bidonvilles, cause un important déficit à l'entreprise. Nous sommes en déficit chronique parce que la fraude, qui est devenue incontrôlable, est un véritable fléau dans cette wilaya», révèle dans un point de presse, le directeur de la société de distribution de l'électricité d'El Tarf, Torki Benaoura,. «Nous sommes impuissants car pour déposer plainte, on nous demande la filiation des fraudeurs que nous ne sommes pas habilités à rechercher», indique-t-il. Les pertes sont évaluées à 250 millions de dinars, soit l'équivalent de 10,5 mois de salaire des 297 agents de la SDE d'El Tarf. Les principaux foyers de la fraude sont les bidonvilles, 500 baraques à Chatt, 100 à Sidi Mebarek et tout autant à Chbaïta Mokhtar, Boufara et Aïn Allem. Mais la fraude est répandue aussi dans plusieurs autres localités. Les agents de la SDE hésitent à s'aventurer dans les enchevêtrements de fils suspendus au-dessus des têtes ou jonchant le sol. «Nous avons tenté de réduire les pertes en installant des compteurs-fontaines pour les habitants de ces lieux qui voulaient bien s'acquitter de leurs dus», déclare le conférencier. L'initiative n'a fait que susciter plus de cupidité chez d'autres fraudeurs. Les compteurs ont été transformés en points de départ pour de nouveaux branchements illicites. «La SDE d'El Tarf n'a rien à voir dans les délestages, cela relève d'une gestion des réseaux à une autre échelle que celle de la wilaya», a tenu à préciser Torki Benaoura. Quant aux coupures, toujours trop fréquentes, selon les citoyens, elles ont été réduites bien qu'elles aient pour origine beaucoup plus les intempéries et les tiers que l'état des ouvrages. De toute manière, les choses vont certainement s'améliorer avec la mise en service de la nouvelle centrale de Draouche prévue, selon les clauses contractuelles, pour le mois de septembre prochain. L'électricité est fournie à près de 80 000 abonnés, soit une couverture de 98 % contre seulement 20% pour le gaz naturel, dont les recettes ne représentent que 5% de celles de l'électricité. Selon le directeur de la SDE d'El Tarf, les citoyens ne sont pas autant demandeurs de gaz que d'électricité, sauf lors des intempéries où la demande explose au sens propre et au sens figuré. Notons que 4 500 foyers seront prochainement raccordés au réseau de gaz. «Lorsqu'il n'y a pas d'eau au robinet, autre cause de tension sociale, la Seata accuse la SDE pour ses fréquentes coupures. Il faudrait 4 heures de pompage à la Seata pour compenser une heure de coupure d'électricité; c'est à vérifier», dit M. Benaoura. Et d'ajouter: «Mais nous avons toujours dit que la distribution étant une activité délicate, la Seata devrait se doter de groupes électrogènes ou installer des lignes spécialisées. Un investissement qui est indispensable pour ce secteur sensible.»