Me Houchati, la cinquantaine, reste dynamique et affable. Fervent militant des droits de l'homme, la question sociale pour lui est une vocation, mais aussi un prolongement naturel de son métier d'avocat. Pour lui, le premier lieu où peuvent s'épanouir les droits humains, c'est la structure familiale. Il a fait un constat qu'un segment familial essentiel ne bénéficiait pas de l'attention qu'il méritait, à savoir la personne âgée. Avec un groupe d'intellectuels démocrates, il fonda en 1988 l'AASPA. L'avocat nous livre, dans cette interview, le parcours, les difficultés autant que les ambitions de son association. Presque vingt ans d'expérience : qu'en retenez-vous comme enseignements ? En premier lieu, nous avons défriché le champ relatif à la problématique de la personne âgée. Néanmoins, force nous est de reconnaître qu'au bout de quasiment vingt ans de présence sur le terrain, presque tout reste à faire, notamment dans les domaines de l'information et de la vulgarisation des données concernant la personne âgée et sa prise en charge. Nous militons toujours pour que le même niveau d'intérêt voué à la femme, l'enfant ou le handicapé soit manifesté à l'égard de la personne âgée. En fait, il s'agit, et c'est là le souci fondamental, d'éviter à la personne âgée les frustrations ou, plus globalement, toutes les misères morales et matérielles qui peuvent la précariser davantage, bref, de faire en sorte que sa dignité soit garantie et respectée. Les efforts louables que prodiguent les médecins, avocats, journalistes et bienfaiteurs, membres de l'association ainsi que toutes les bonnes volontés ne me semblent pas, malheureusement, suffisants. Il m'apparaît utile de souligner que la prise en charge efficiente est du ressort prioritaire et exclusif des pouvoirs publics. Vous devez certainement rencontrer des difficultés dans votre mission. Pouvez-vous nous en parler ? Ce ne sont pas les difficultés et obstacles de tous ordres qui nous sont épargnés. A l'instar de toutes les associations, l'AASPA est en butte aux lourdeurs bureaucratiques bien connues, n'a pas encore de siège fixe (elle est toujours SDF !) et, bien entendu, a de la peine à financer ses activités au niveau voulu. Heureusement, la valeur solidarité est encore bien ancrée dans les esprits de la société algérienne : des membres bienfaiteurs manifestent leur disponibilité à chaque fois que les nécessités de notre programme l'imposent. Cependant, notre ambition d'intervenir de manière efficace, en quantité et en qualité, dans la structure familiale nous oblige dorénavant à chercher de nouvelles sources de financement. Quels sont vos projets dans l'immédiat ? En parallèle à la mise en œuvre de notre programme annuel, nous envisageons d'aller en profondeur dans le traitement multiforme de la condition de la personne âgée. Ainsi, par-delà les actions ponctuelles, nous travaillons à coordonner les efforts des associations ayant le même but, aussi bien que celles qui sont présentes dans le champ social en général. Nous voulons établir des passerelles entre toutes ces bonnes volontés. Nous allons organiser des journées d'étude, des séminaires dont l'objectif essentiel est d'éveiller les consciences. En février, nous prévoyons une rencontre dont le thème premier sera d'étudier les violences que peut subir la personne du troisième âge tout comme celles qui peuvent toucher la femme ou l'enfant. Il est programmé, d'ailleurs, des conférences comparant les situations de l'une et des autres. Enfin, et nous y croyons beaucoup, nous voulons apporter notre contribution à tous ceux qui œuvrent à la création d'un observatoire pour la protection des droits de la personne âgée, comme il en existe pour la femme et l'enfant.