De retour au pays, le président de la Fédération algérienne handisport, Sid Ahmed El Asri, a accepté de dresser un bilan de la participation des athlètes algériens aux Jeux paralympiques de Londres. - L'Algérie a décroché 4 médailles d'or, 6 d'argent et 9 de bronze aux Jeux paralympiques qui viennent de s'achever à Londres. Quelle est votre première lecture de ces résultats ?
Avant tout, je tiens à remercier notre public pour l'accueil chaleureux réservé de notre délégation à l'aéroport, ainsi que le ministre de la Jeunesse et des Sports et celui de la Solidarité, qui étaient présent à notre arrivée. De l'avis de tous, les Jeux paralympiques de Londres ont été les plus élevés de l'histoire. Donc, nos athlètes médaillés sont à féliciter. Les autres, j'espère qu'ils auront l'occasion de s'illustrer lors des prochains événements sportifs. Si l'athlétisme a été à l'honneur dans cette édition, en judo, par contre, ce fut un échec avec les trois médailles de bronze obtenues. Revenir sur podium, c'est déjà une grande performance, surtout que dans les sports de combat, une erreur d'inattention peut être fatale. L'autre satisfaction, c'est qu'il y avait des jeunes, qui ont même réussi à créer la surprise comme Abdelatif Beka. Pour nous, c'est une fierté, car il est la relève, puisqu'il n'a que 18 ans.
- N'avez-vous pas de regrets par rapport au fait que vous misiez sur plus de médailles d'or ?
Oui, c'est sûr. Dans ce jeu, je peux dire qu'on a perdu quatre médaille d'or, dû peut-être à l'excès de confiance. A l'avenir, il faudra prendre le volet psychologique de la meilleure des façons. L'exemple de Sofiane Hamdi est édifiant. On le voyait comme un potentiel médaillé d'or, malheureusement il est passé à côté.
- Quel a été pour vous le moment fort dans ces Jeux par rapport aux performances algériennes ?
Le moment intense est incontestablement le podium réussi par les trois Algériens au lancer de poids (classe F32/32). Nous avons réussi à décrocher 3 médailles lors des Championnats du monde en Nouvelle-Zélande, mais c'est la première aux Jeux paralympiques pour l'Algérie. C'était un moment vraiment très émouvant.
- Parmi les satisfactions, on remarque le bon comportement des filles dans ces jeux...
Ce sont les meilleurs athlètes qui sont montées sur le podium, à l'image de Mounia Gasmi qui n'a pas pu décrocher de médaille lors des derniers Championnats du monde, mais elle s'est illustrée à Londres. Mis à part Medjemedj, qui était affectée par le décès de sa maman, je pense que nos filles se sont bien comportées.
- Y a-t-il des athlètes qui vous ont surpris par le résultat dans cette compétition ?
Oui. Le cas de Mohamed Berrahal est édifiant parce que le fauteuil roulant n'est pas une de nos spécialités, car le matériel est très coûteux. Donc, décrocher une médaille dans cette spécialité n'a jamais été fait auparavant. On avait confiance en notre athlète, mais on ne s'attendait pas qu'il puisse s'illustrer de la sorte.
- Les sportifs algériens ont prouvé lors des Jeux paralympiques qu'ils avaient le niveau mondial. Comment peut-on capitaliser ces performances et garder ce niveau ?
La première des choses, il faudra continuer la détection afin de préparer la relève. C'est un travail de base qu'on espère réaliser avec les jeunes handicapés au niveau des centres spécialisés. On doit aussi encadrer les jeunes et mettre à leur disposition tous les moyens pour maintenir leur performance. Aider ces athlètes dans leur vie sociale pour qu'ils aient envie de faire du sport est aussi une nécessité. Il est peut-être temps que la Fédération ait son propre centre de préparation. Car pendant quatre ans, on a vraiment souffert pour programmer les stages, réserver les hôtels et aussi les salles. Un centre de préparation pour ces champions serait l'idéal afin de pouvoir maintenir ce niveau et ces performances.
- La prime réservée aux athlètes paralympiques est-elle toujours la moitié de celles des sportifs valides ?
Malheureusement oui. On est obligé d'appliquer l'ancien statut de l'athlète de 2007, et cela nous fait vraiment très mal. On ne dit pas que la prime doit être la même que celle des athlètes valides, mais au moins à hauteur des 90%. Les responsables doivent être justes, car les athlètes handicapés sont des personnes très sensibles. On espère qu'avec le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, on pourra élaborer un nouveau statut de l'athlète.