Cette année, la Chine a doublement et définitivement prouvé au monde entier qu'elle est un grand pays. Aussi bien en termes d'organisation que d'esprit, les Chinois n'ont pas lésiné sur les moyens pour faire des jeux Paralympiques un événement aussi important que les olympiades. Ils avaient promis de proposer «deux jeux d'égale splendeur». La mission a été parfaitement accomplie, avoue le président du Comité international paralympique, M. Philip Craven. «Les jeux Paralympiques de Beijing ont été une fête pour les handicapés du monde», a résumé Liu Qi, président du comité d'organisation pour les 29e jeux Olympiques. Ce constat va de la cérémonie d'ouverture à celle de la clôture de l'événement, en passant par l'organisation des épreuves et l'implication de la population, nombreuse à assister aux compétitions, remplissant des stades entiers devant les yeux ébahis des étrangers. Oui, le handisport est impressionnant. Il est aussi noble et spectaculaire que les autres formes de sport. La preuve en est faite. Et plus encore, le handisport est devenu tellement intéressant que les mêmes pratiques, jadis réservées au sport de haut niveau dans le monde des professionnels, commencent à apparaître dans l'univers paralympique (triche, dopage, introduction de nouvelles technologies, etc.). Quatre athlètes de nationalité différente ont été contrôlés positifs aux substances interdites. Un chiffre minime par rapport aux 680 contrôles effectués (en 2004, lors des Paralympiques d'Athènes, dix constats de violation du code ont été signalés). Le handisport, un autre moyen de tricher, ou du moins de prendre un avantage sur ses rivaux, est source de désaccords et de crises. Comme il est, parfois, difficile de mesurer avec exactitude l'ampleur d'un handicap, (entre malentendants, malvoyants, difficultés motrices), savoir comment mesurer l'importance d'un handicap et ainsi arriver à une équité parfaite entre les concurrents devient une question des plus importantes. Une complexité qui a provoqué l'ire de la délégation algérienne dont 4 membres ont été écartés par la Fédération internationale des sports pour aveugles. Cette difficulté est d'autant plus importante quand il s'agit d'un handicap mental, où simulations et degrés d'atteinte de la maladie sont difficilement identifiables. Dans ce sens, le cas de Malone, 28 ans, membre de l'équipe de football à 7 handisport d'Irlande, a été empêché de participer aux jeux Paralympiques de Pékin, parce que «pas assez handicapé». La sentence semble incroyable, mais atteint d'une infirmité motrice cérébrale pouvant être atténuée par une pratique sportive intense, il a été déclaré inéligible. Autre fait marquant de cette édition des jeux Paralympiques : l'implication de plus en plus importante de la science et de la technologie au service des sportifs. Les avancées en matière de chaises roulantes et de prothèses, même si elles n'enlèvent rien au mérite des sportifs, ont réussi à faire des compétiteurs de véritables sportifs à même de rivaliser avec les grands noms du sport dans le monde. D'ailleurs, grâce à une double prothèse en fibre en carbone, le Sud-Africain Oscar Pistorius (sprinteur) a failli être inscrit au 100 m, aux jeux Olympiques de Pékin, mais il n'avait pas réussi les minima. Un épisode qui a fait dire à certains spécialistes que, dans quelque temps, grâce à ces inventions, des records tomberont sous les efforts des hommes bioniques. Ces nouvelles technologies en matière de chaises roulantes ou de prothèses font que des techniciens du monde entier viennent bénévolement, sous le couvert d'assistance, se mettre à niveau avec les nouvelles réalisations. Pour ne pas dire voler tout ce qui est nouveau. Ils étaient 136 techniciens venus de 19 pays pour offrir leurs services dans plusieurs ateliers à Pékin. Une manière de partager le savoir. Les jeux Paralympiques de Pékin ont donc été une vraie réussite. En plus de l'aspect organisationnel, les performances ont été au rendez-vous. Des sportifs de plus en plus entraînés et de plus en plus professionnels ont réalisé des exploits. Rien qu'en athlétisme, plus d'une centaine de records du monde ont été battus, dont environ un tiers par le pays organisateur. En termes de médailles, la Chine a obtenu 211 médailles, dont 89 en or, (le double des médailles d'or que la Grande-Bretagne, deuxième au classement). Même la délégation algérienne a réussi un exploit jamais égalé. Un accueil des plus chaleureux a été réservé à nos sportifs à leur retour au pays. Avec 15 médailles (4 en or, 3 en argent et 8 en bronze), ils sont parvenus à classer l'Algérie à la 31e place. Les jeux Paralympiques de Pékin ont accueilli plus de 4 000 sportifs de 150 pays qui se sont mesurés pendant 11 jours. En 2012, ces Jeux seront organisés par le pays qui a inspiré le mouvement paralympique à Stoke Mandeville en 1948. La Grande-Bretagne aura beaucoup à faire lors des jeux Olympiques et Paralympiques de Londres, en 2012, pour faire oublier Pékin. Mais le président du comité d'organisation des JO 2012, Sébastien Coe, rassure : «C'est une grosse responsabilité, mais nous ne sommes pas intimidés.» Qui vivra verra. S. A. Médailles algériennes aux JP de Pékin Or : Karim Betina (athlétisme, poids - F32) Kamel Kardjena (athlétisme, poids - F33/34/52) Mouloud Noura (judo -60 kg) Sidali Lamri (judo -66 kg) Argent : Louadjeda Benoumessad (athlétisme javelot - F33/34/52/53) Samir Nouioua (athlétisme 800 m - T46) Sofiane Hamdi (athlétisme 200 m - T37) Bronze : Nadia Medjemedj (athlétisme, poids - F57/58) Nadia Medjemedj (athlétisme, disque - F57/58) Zine Eddine Sekhri (athlétisme 800 m - T13) Samir Nouioua (athlétisme 1 500 m - T46) Mounir Bakiri (athlétisme, poids - F32) Hocine Gherzouli (athlétisme, poids - F40) Sofiane Hamdi (athlétisme 100 m - T37) Zoubida Bouazoug (judo +70 kg)