L'écrivain français d'origine algérienne, Azouz Begag, était avant-hier à l'institut culturel français de Constantine, où il présentait son dernier roman, Salam Ouessant, paru aux éditions Sédia. La conférence était en fait un retour plein d'émotion et de tendresse, -tout cela pudiquement enrobé dans un humour tordant-, sur son enfance dans un bidonville de Lyon, au sein d'une famille d'émigrés pauvres mais fiers et combatifs. Il évoquera son père «analphabète» mais qui voyait la solution à toute cette misère, dans les études. «Il n'avait jamais lu le Coran, mais il ne cessait pas de me répéter: ‘Lis ! Va jusqu'en Chine à la recherche du savoir'; et j'ai compris que le miracle, c'était cela : apprendre pour pouvoir défendre nos droits, et non pas rester à geindre et attendre que les autres le fassent pour nous», a-t-il affirmé avec conviction. Lors des débats, les questions ont porté, comme l'on s'y attendait, sur son parcours politique bref au sein du gouvernement Sarkozy. Il lance, entre autres, à ce propos : «Il (Sarkozy) voulait utiliser les Arabes pour faire dévier la République vers le Front national. Il a été jusqu'à lancer, sans honte, cette bêtise: la France n'est pas un pays où on égorge un mouton dans une baignoire'. Quel scandale ! C'est lui qui a introduit le virus du racisme chez les Français; et Jean-François Coppé continue. J'étais le petit Sétifien qui se l'ouvrait en gueulant, et j'ai tout eu sur la figure. Maintenant ils ne veulent plus que des femmes ; ils ont dit l'intégration ne peut passer que par les femmes (d'origine maghrébine, s'entend), et j'ai vécu cela comme une émasculation.» Il a affirmé que le salut des jeunes d'ici ou de là-bas, ne peut venir que de l'instruction. «Ils ont le droit de circuler librement dans le monde entier, mais ils doivent revenir pour construire leur pays», a-t-il ajouté. «Alors n'arrêtez jamais de lire», a-t-il insisté à l'adresse de l'assistance.