A Marseille, parti soutenir le candidat centriste François Bayrou, le sociologue lâche des perles devant une assistance qui en redemandait. « Quand j'entends parler de moutons égorgés dans la baignoire, ça ne me convient pas. Qu'est-ce que ça veut dire, livrer en pâture non pas des immigrés mais des descendants d'immigrés au moment de l'élection présidentielle comme le fait le Front national depuis 25 ans ? Quand on est républicain, on ne peut pas s'offrir ce luxe, c'est impossible ! Pourquoi ne pas essayer pendant cinq ans, une rupture bayrousienne ? » Il appuie là où ça fait mal en rappelant que le candidat de droite n'a toujours pas effectué le moindre déplacement en banlieue. « Il y a des quartiers qui sont interdits à Sarkozy ! Mais il y a des candidats qui offrent des perspectives républicaines, et je suis là pour le dire. Quand Sarkozy a parlé de nettoyer au Kärcher, j'étais embêté ; j'ai dit que ce n'était pas bien et je m'en suis pris plein la gueule pendant deux ans ! Malheureusement pour lui, les propos de Sarkozy ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd, mais dans la plume d'un écrivain. » Jamais Azouz Begag n'a été aussi présent dans la presse, même si les médias lourds continuent d'être frileux. Jeudi dernier, il a accusé Nicolas Sarkozy d'être « un menteur et de draguer à fond la caisse l'électorat d'extrême droite avec des idées d'extrême droite ». « Quand ce type veut créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, vous trouvez que c'est du ressentiment personnel ? Quand ce type parle de moutons égorgés dans la baignoire devant 12 millions de téléspectateurs, est-ce qu'il est en train de parler des Islandais ou des Finlandais qui sont en train d'envahir la France ? (...) N'avez-vous pas le sentiment qu'il est en train de draguer à fond la caisse l'électorat d'extrême droite avec des idées d'extrême droite ? Quand un individu, ministre de l'Intérieur, affirme devant un parterre de ministres, que moi, Azouz Begag , j'ai des antécédents psychiatriques, quand il déclare qu'il faut associer immigration et identité nationale dans un même ministère, alors oui, je dis que cet individu est dangereux. Quand un homme comme lui a la maîtrise et le soutien de tant de pouvoirs médiatiques et économiques, et qu'il peut, avec cela, marquer son emprise totale sur la société française, sans supporter la moindre contestation, alors oui, je dis que cet homme est dangereux. » Avec son sens de la formule, il affirme que « c'est un devoir personnel et politique majeur que d'informer les électeurs avant l'élection. Si je laisse faire, je pourrais être accusé de non-assistance à pays en danger ». Il n'épargne pas non plus le lieutenant de Sarkozy, Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales. « Allez, fissa, sors de là ! Dégage d'ici, je te dis, dégage ! », lui aurait-il lancé le 11 octobre 2006 alors qu'ils étaient assis sur les bancs de l'Assemblée nationale. « Il utilise un terme de l'époque coloniale. Il se croit encore dans l'Algérie de l'indigénat. Je fais le benêt. Je dis que je ne comprends pas le breton. » Fissa est un terme argot d'origine arabe, contraction de « fi sa'a », soit mot à mot, dans l'heure. Le livre d'Azouz Begag, Un mouton dans la baignoire (Fayard), en référence à la fameuse phrase de Nicolas Sarkozy, est en passe de devenir un best-seller.