A vrai dire, concernant le « blue-jeans, porté depuis des décennies par toutes les couches sociales, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, la situation est assez paradoxale. Pour certains, le jean signifie la mode. Pour d'autres, son rôle fondamental, c'est d'être avant tout un objet (vêtement) utilitaire. Certains rêvent du « jean » dernier cri pour être à la mode. D'autres considèrent l'objet seulement comme le plus démocratique et le plus universellement porté et ne font aucun rapport entre le jean et la mode. C'est devenu un consensus social indiscutable, une passion collective, un engouement incontournable. Produit de grande consommation, au même titre que le lait ou le beurre dans les grandes surfaces, le jean est considéré comme une valeur sûre, un « must » comme disent les Anglais. Bref, l'uniforme. Pourtant, en matière de mode qui change à chaque saison, le jean demeure l'objet de forte demande. C'est la raison pour laquelle, depuis Levis son créateur historique, il y a eu des centaines d'autres marques de jeans qui amplifient le choix des consommateurs et diversifient leurs goûts. On ajoute ainsi constamment des détails à l'aspect (initial) du produit : accessoires, boutons, fermetures éclair, poches multiples. Il n'y a pas de jean en prêt-à-porter. Sa production est industrielle. Originale ou piratée, elle suscite sur le marché une très forte demande. Pour tenter la jeune clientèle (de loin la plus importante), les fabricants mettent le paquet : on voit aujourd'hui partout, y compris dans les boutiques d'Alger, des jeans cloutés, déchirés aux genoux et au niveau postérieur. On peut trouver ça hideux et préférer les jeans délavés ou même usagés, fripés... Aux Etats-Unis, The Museum of Contemporary Crafts expose toutes les versions connues du jean. Il y a quelques années, Levis a organisé en Amérique un concours, à des fin publicitaires, couronnant les plus beaux jeans décorés. C'est dans ce Museum of Contemporary Crafts de New York qu'ils furent exposés (dans un délire de musique pop). D'innombrables jeans (transformés, délirants, pleins de strass) étaient éparpillés à travers le musée. Parmi eux, le jean appelé « Watergate », flanqué sur un côté du portrait de Nixon... comme si le jean, vêtement avant tout fonctionnel, devait montrer aussi une référence politique.