Fuyant la terreur et l'hostilité régnant dans leur pays depuis le début de la crise au Sahel, 18 familles de réfugiés maliens, totalisant 107 personnes, lancent un appel de détresse aux différentes organisations humanitaires activant sur le territoire algérien et aux autorités locales. «On n'a plus rien à manger. Cela fait plus d'un mois que nous sommes arrivés à Tamanrasset, aucune organisation ni responsable ne sont venus à notre secours. Nous vivons avec le soutien de nos proches qui sont là depuis 5 mois pour certains et 8 mois pour d'autres. Nous avons quitté le Mali en passant par le poste-frontière de Bordj Badji Mokhtar à cause de la guerre. Nous avons tout laissé là-bas. Sans compter les réfugiés officiellement déclarés par les autorités, plusieurs autres expatriés vivent le calvaire et attendent que la camarde les emporte puisqu'ils n'ont rien mis sous la dent depuis presqu'un mois. On compte sur la solidarité de nos pairs. Mais jusqu'à quand durera cette situation ?», s'interroge désespérément Mokhtar Mohamed Ben Mohamed, porte-parole des réfugiés, rencontré hier à Matna Talat, quartier communément appelé Sersouf Ferraille, à quelques encablures de la ville de Tamanrasset. «Nos enfants sont livrés à eux-mêmes. La guerre les a privés d'école et, en arrivant à Tamanrasset, on n'a pas pu les inscrire puisqu'on ne détient aucun document justifiant leur filiation», ajoute-t-il, résumant la misère que vivent ces Subsahariens dans un pays pourtant renommé pour sa solidarité et sa bienveillance. Une question : les responsables locaux, ceux du Croissant-Rouge en particulier, sont-ils au courant de l'existence d'un tel nombre de réfugiés à Tamanrasset ? On n'aura certainement pas la réponse avec le black-out affiché sur ce sujet. Toutefois, il suffit de faire un saut à Matna Talat pour faire un constat est éprouvant : des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées, habillées de loques, attendent l'intervention des autorités algériennes qui doivent agir avant qu'une calamité ne se produise.