Les autorités locales restent passives devant les atteintes répétées contre le foncier agricole ou ce qui en reste. Des constructions illicites continuent d'être érigées sans que leurs auteurs ne soient inquiétés. Les exploitants agricoles assistent, impuissants, à l'anéantissement de ce qui constitue leur source de vie. C'est en tout cas le constat peu reluisant établi au niveau de l'exploitation agricole collective (EAC) n°1 d'Ouled Fayet. Celle-ci s'étend sur une superficie de 156 ha. L'exploitation a été constituée en 1994 et dont les droits de jouissance ont été cédés à 13 exploitants. Parmi ces derniers, 7 ont désisté au profit d'autres agriculteurs qui étaient, précise-t-on, d'un apport conséquent pour l'ex-domaine agricole social (DAS) Samraoui. « Cette volonté de travailler la terre bute actuellement sur la présence des indus occupants », indique un agriculteur. La ferme, selon l'un des exploitants, avait accueilli, durant la décennie écoulée, des « étrangers » qui y ont construit des baraques de fortune. « Ces squatteurs continuent de construire des baraques ou de faire des extensions des échoppes. Des nouveaux arrivants se comptent toujours. Il est étonnant de voir une baraque de quatre pièces montée à base de parpaing et de tôle en une seule nuit. Un rythme qui défie toute concurrence », affirme-t-il encore. Selon lui, les auteurs de ces actes bénéficient d'une totale impunité de la part des autorités locales. La terre a gardé sa vocation initiale, rassure Mohamed, mais les fermiers se retrouvent seuls devant les envahisseurs de ces terres agricoles. Pour avoir osé s'opposer aux indus occupants, un des exploitants a reçu des menaces de mort. Plusieurs agriculteurs, indique-t-on, ont intenté des procès en justice contre eux, sans grands résultats. « Le gros problème reste l'absence de l'autorité de l'Etat. Même en dénonçant les fraudeurs, les autorités locales ne font rien pour mettre un terme et faire respecter la loi », ajoute-t-on. Mercredi dernier, deux jeunes s'affairent à décharger un camion de parpaing destiné à la construction. Ce serait une baraque de plus dans l'exploitation. Cela se répète chaque jour que Dieu fait, précise-t-on. Les répercussions ne se font pas attendre. Les déchets ménagers sont abandonnés un peu partout dans l'exploitation. Mohamed, qui exploite 10 ha de l'EAC est obligé, selon ses propres dires, de partager son carré avec une quinzaine de familles qui se sont installées dans des gourbis. « L'année passée, 40 q d'abricots ont été détruits en l'espace de trois jours seulement. 2 ha de vignobles ont été également ravagés. Les indus occupants lâchent leur cheptel dans les champs durant la nuit, ce qui est suffisant pour anéantir tous nos efforts. Ils s'approvisionnent gratuitement en pommes de terre de mes propres champs. C'est absurde, mais c'est la réalité amère », raconte Mohamed. Il indique, par ailleurs, qu'il n'a bénéficié d'aucune subvention de l'Etat. Il croit savoir que ces indus occupants ont bénéficié, qui de logement, qui de lot de terrain dans la cadre de la résorption de l'habitat précaire. Mohamed, qui serait parmi les rares ingénieurs de l'agriculture après l'indépendance, a travaillé la terre par vocation. « Si ça continue, j'abandonne », confie-t-il. Même la maison qu'il occupe avec sa famille, dans un coin de l'exploitation, a été complètement fragilisée par le séisme sans qu'elle soit pour autant confortée.