La gestion du foncier est plus que jamais confuse dans la wilaya de Tizi Ouzou. Qui soit agricole, industriel ou urbain, le secteur est confronté à une anarchie singulière. Cette situation n'est que le fruit d'un cumul d'irrégularités qui entachent ce dossier depuis plusieurs années, voire des décennies, les autorités locales n'agissant pas à temps, préférant plutôt sombrer dans un laisser-aller total au point qu'aujourd'hui cette confusion a atteint son point culminant. En effet, le projet d'extension de la route nationale N° 12 reliant Tizi Ouzou à Béjaïa (le plus grand axe routier de la wilaya du point de vue trafic), risque d'être compromis eu égard à la grande contestation des habitants de la région qui refusent d'être délocalisés. Le long de ce couloir, allant de Oued Aïssi jusqu'à Fréha, dans la daïra d'Azazga, les terres sont déclarées à vocation agricole, donc protégées contre tout projet de construction. Mais la réalité est autre dans cette zone : la plupart des propriétaires de ces terres ont érigé des villas et autres vastes commerces sur ces terres. Les constructions ont été réalisées sans permis de construire ; la raison pour laquelle toutes ces bâtisses sont passibles d'être déclarées illicites. En revanche, pour la mise en exécution du projet de l'extension de la RN12, la direction des travaux publics de la wilaya (DTP) n'indemnisera que les terres expropriées et non le bâti, chose qui a suscité un grand courroux au sein des centaines de familles concernées. Dans les autres régions de la wilaya, le foncier agricole de la wilaya de Tizi Ouzou est confronté au problème de partage. Selon la direction des services agricoles (DSA), le patrimoine foncier à vocation agricole dans la wilaya est constamment réduit du fait de partage entre les héritiers. Et, avec le temps, ce phénomène de morcellement pousse les héritiers des agriculteurs à abandonner leurs terres. A cet égard, il est utile de mentionner que les surfaces utiles foncières dans toute la région de Kabylie relèvent du patrimoine privé à plus de 80%. Outre les terres agricoles, la gestion du foncier industriel également laisse à désirer dans cette wilaya. En plus du manque flagrant d'assiettes pour les zones industrielles, les opérateurs économiques au niveau local rencontrent des difficultés énormes pour leur régularisation au niveau de l'administration pour. Ce qui a fait dire au premier responsable du groupe agroalimentaire Cevital que " pour assainir le dossier du foncier dans la région, il faut d'abord commencer par régler un grand problème de mentalité ". Pour ce qui est des terres dites agricoles, Issad Rebrab dira que " ce type de terres n'ont d'agricole que le nom ", allusion faite aux terres qui sont restées inexploitées depuis des années à travers la wilaya et que l'administration locale refuse toujours de céder aux opérateurs économiques pour y installer des unités industrielles. Dans les centres urbains c'est la grande galère. La spéculation immobilière a fait que le tissu du foncier à travers les centres urbains est gravement atteint par la dilapidation durant ces dernières années lorsque les missions de contrôle devant être menées par les autorités ont marqué un certain relâchement, ce qui fait, qu'aujourd'hui, les permis de construire qui sont gelés à cause des litiges se comptent en dizaines, si ce n'est en centaines.