Le gouvernement marocain, emmené par le parti islamiste Justice et développement (PJD), traverse une passe difficile liée à sa gestion des comptes publics, vilipendée par l'opposition et critiquée au sein même de sa coalition. En 2012, sur fond de ralentissement économique et d'explosion du coût de sa caisse de compensation – qui subventionne des produits de grande consommation –, le Maroc a connu un inquiétant creusement de son déficit public, à 7,1% du PIB (contre 6,2% un an plus tôt). Pour remettre ces comptes sur les rails – qui doivent ramener le déficit à 3% en 2016 –, le gouvernement vient de décider d'une coupe budgétaire de 15 milliards de dirhams (1,2 mds d'euros) sur les investissements publics. L'opposition socialiste a aussitôt dénoncé une «décision dangereuse» et une «tromperie à l'égard du peuple». Cela «menace la stabilité sociale et ralentit la croissance économique», a affirmé à la presse le premier secrétaire du parti socialiste USFP, Driss Lachgar. Depuis l'officialisation de la mesure, la presse marocaine s'en donne elle aussi à cœur joie. «La plus grande coupe de l'histoire», a titré lundi le quotidien francophone L'Economiste, avant de noter mercredi que le montant représentait plus du quart du budget total. Sous la surveillance du FMI, qui lui a accordé l'été dernier une ligne de précaution de 6,3 mds de dollars, mais aussi des agences de notation, Rabat a déjà admis qu'il ne pourrait réduire son déficit à 4,8% du PIB fin 2013, comme il s'y était initialement engagé. Désormais, la barre est placée à 5,5%, un objectif assumé par le ministre de l'Economie, Nizar Baraka. «Après le dérapage de 2012, il est très important de revenir sur la trajectoire fixée», déclare-t-il à la presse, notant que la mesure prise «équivaut à un point de PIB». Cette décision «répond aussi à un besoin de meilleure gouvernance financière», ajoute M. Baraka, selon qui les budgets d'investissement étaient jusque-là sans rapport avec la réalité. L'an dernier, «sur 54 mds de dirhams (4,8 mds d'euros), 21 mds (1,9 mds euros) n'ont pas été réalisés» et, au final, en 2013 l'investissement réel de l'Etat sera «maintenu», jure-t-il.