L'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, a été auditionné par le procureur fédéral de Lausanne (Suisse), le 2 mai, dans l'affaire de la plainte déposée par deux militants l'ex-FIS dissous soutenu par l'ONG Track Impunity Always (Trial). La convocation du général à la retraite fait suite à sa première audition les 21 et 22 octobre 2011. «J'ai, en effet, été convoqué le 2 mai par le procureur fédérale suisse. Je me suis présenté à 8h45 à Lausanne. L'audience a duré jusqu'à 15h30», a indiqué Khaled Nezzar au site électronique Algériepatriotique. «Quand j'ai reçu la convocation, j'ai décidé de me rendre en Suisse quitte à risquer de m'exposer à une restriction de ma liberté de circulation», a-t-il ajouté. L'ancien homme fort du régime est poursuivi par la justice helvétique pour «crimes de guerre et violation des droits de l'homme». La convocation de l'ancien ministre de la Défense (1990-1993) intervient au moment où le chef de l'Etat est hospitalisé au Val-de-Grâce (Paris, France). Une conjoncture qui aurait poussé Nezzar à ne pas communiquer sur son audition. «J'ai choisi de garder le silence parce que le pays se trouve dans un tournant aussi décisif que préoccupant de son histoire», rapporte le site électronique. «Il était inopportun de rendre publique une telle information au moment où les citoyens sont plus préoccupés par le devenir de l'Algérie que par son procès en Suisse». Et «parler de mon procès dans ce contexte aurait été incongru et malséant», a-t-il souligné. Eradicateur assumé, Khaled Nezzar, dont le rôle dans l'arrêt du processus électoral en janvier 1992 était central, a été interpellé le 21 octobre 2011 par la police suisse où il se trouvait pour des soins. Son audition, qui avait duré deux jours, a porté principalement sur le rôle de l'armée dans la gestion de la décennie noire. Une audition qui avait suscité une polémique en Algérie entre partisans et adversaires. L'homme, qui était chef des opérations dans la terrible répression des événements d'octobre 1988, divise les Algériens. Un général controversé qui n'hésite pas à «dégainer». «Sauveur de la République» pour les uns, «responsable de la guerre civile» pour les autres, Khaled Nezzar a eu, depuis des années 2000, des démêlés avec la justice. D'abord à Paris en 2001 où il a été visé par une plainte portée, le 28 juin, par 9 Algériens pour «tortures et traitements cruels, inhumains et dégradants». Le parquet de Paris a classé l'affaire sans suite en raison de «l'absence d'éléments graves ou concordants reposant sur le général Nezzar au regard de cette plainte». Il est le seul parmi le club très restreint des chefs militaires algériens à être poursuivi en justice. Il avait déclaré après sa première audition qu'au-delà de sa personne, «c'est toute l'institution militaire qui est visée à travers cette affaire. On ne peut pas citer à comparaître toute l'armée. On incrimine donc celui qui la commandait».