Le suicide a atteint des proportions alarmantes en Algérie. Même si ce phénomène social touche toutes les tranches d'âge de la société, la catégorie des jeunes reste la plus vulnérable : 4 cas sur 5 recensés entre 1993 et 2005 concernent des personnes entre 18 et 40 ans. Les moyens utilisés pour mettre fin à leurs jours sont dans 7 cas sur 10 la pendaison, le reste se répartissant entre l'empoisonnement (par produits chimiques), l'arme blanche ou le feu, la chute et la noyade. Les derniers chiffres de la Gendarmerie nationale font état de 48 suicides et de 42 tentatives de suicide enregistrés durant le premier trimestre 2006. Plusieurs régions du pays sont concernées. Première remarque : il y a eu 32 suicides masculins et 16 suicides féminins. La tendance s'inverse dans la tentative de suicide : 10 chez les hommes et 32 chez les femmes. Il apparaît clairement qu'une grande partie des femmes ne cherche pas réellement à mettre un terme à leur vie. Cette attitude s'explique plutôt par une volonté plus marquée de lancer un appel de détresse et un SOS pour l'entourage. C'est une façon en tout cas d'attirer l'attention de la famille. Le nombre le plus élevé de suicides a été enregistré à Tiaret (5), suivi de Mascara (4) et El Tarf (3). Les tentatives de suicide les plus répandues ont été signalées à Bouira (7), Skikda (4), Tlemcen, Tiaret et Mascara (3 chacun). Les jeunes sont confrontés à une perte d'une bonne partie des repères sociaux conventionnels. Ils vivent dans un monde en perpétuel changement où le travail est incertain et les études exigeantes. Les différentes autorités se sont émoussées, qu'elles soient familiales ou morales. La politique, en crise, souffre d'une crédibilité décroissante. Les cellules familiales éclatent : parents et enfants souffrent, et dans ce contexte, certains pensent à en finir avec la vie ou plutôt avec la malvie. Signe évident d'un profond malaise social, le suicide est devenu un véritable fléau touchant notamment les jeunes, suscitant l'inquiétude des parents et des spécialistes. Ces dernières années, les journaux rapportent presque quotidiennement des cas de suicide. Ce geste irréparable et de profond désespoir est considéré par la société comme étant « un acte contraire à l'Islam et aux traditions ». Le tabou n'est pas de ne pas vouloir avouer que quelqu'un a voulu se suicider ou s'est suicidé. Le tabou, c'est de ne même pas pouvoir nommer ou évoquer la chose. Souvent, les familles refusent de divulguer les raisons qui ont poussé un de leur membre à mettre fin à sa vie. La crise du logement, le chômage, le vide culturel, les problèmes relationnels, les échecs scolaires, la drogue et l'oisiveté sont des facteurs qui ont lourdement influé sur la personnalité des individus et, graduellement, de nouveaux comportements se sont manifestés sous plusieurs formes, tels que le suicide, puisque 12% des suicidés souffrent de problèmes sociaux.