Pour son second meeting Areva de Saint, Denis de la Diamond League, Abdelhamid Zerrifi a fait coup double : les minima lui ouvrant les portes du Championnat du monde de Moscou (10-18 août) et l'établissement d'un nouveau record personnel au 3000 m steeple (8'25''96). Pour El Watan, le sociétaire du club de Montpellier, désormais coaché par l'ancien entraîneur de Mahieddine Mekhissi, Farouk Madaci, nous détaille sa belle soirée. - Vous réalisez les minima pour les Championnats du monde (8'26'') et battez votre propre record personnel du 3000 m steeple C'est une soirée parfaite.
Oui. C'est une double satisfaction car le Ramadhan arrive. Cela aurait été très difficile de réaliser une telle performance pendant cette période. El hamdoulilah, je vais pouvoir jeûner tranquillement. J'ai beaucoup travaillé chez des amis à Reims. Cela a payé. On n'a que ce que l'on mérite.
- N'était-ce pas intimidant d'évoluer devant 50 000 personnes ?
Quand j'ai pénétré dans le stade, j'ai eu comme un choc. Par la suite, je me suis dit ce n'était pas cela qui allait m'affaiblir. Du coup, j'ai pris du plaisir en pensant que ce serait le douzième homme. Il y avait de la pression, de l'anxiété et de l'adrénaline. On avance quand on arrive à prendre tous ces aspects, et à les transformer en force.
- C'est une très bonne répétition pour les Championnats du monde de Moscou.
Absolument ! Les conditions étaient réunies. Il faisait chaud, le niveau était là. Cela allait très vite devant. On pensait qu'on marchait derrière eux. Cela devrait être ma première participation, inch'Allah, sous les couleurs de l'Algérie. Cela fait vraiment plaisir parce que j'y vais avec le cœur. Je me bats pour porter ce maillot, mais rien n'est fait car je suis en troisième position. Si un autre coureur fait mieux que moi, il me passe devant. Seuls trois athlètes sont pris. Les minima sont à réaliser jusqu'au 18 juillet.
- Quand on court derrière des gars d'un tel niveau, comment se motive-t-on pour décrocher les minima ?
Dans les deux ou trois premiers tours, on est forcément en forme. On peut les suivre. Mais en faisant trois tours avec eux, on est vite essoufflés. Leurs efforts ne sont pas les mêmes que les nôtres. Au début on se freine. Ensuite, on appuie sur l'accélérateur mais on arrive vite au bout. Il faut apprendre à bien gérer l'effort.
- Quelle était votre méthode pour tenir le rythme dans ces conditions ?
Il faut s'entraîner. Mentalement, il faut se dire que c'est maintenant qu'on doit se battre. J'ai un super coach, Farouk Madaci, ancien entraîneur de Mahieddine Mekhissi Benabad, qui fait un travail psychologique sur moi. Il arrive à trouver les mots justes pour me motiver. Pendant toute la course, j'ai pensé que c'était le début de la bataille ; que je devais garder des munitions pour le final car la guerre se fait sur la fin. L'ennemi, c'était les minima. Je l'ai vaincu.
- Dans quel domaine pouvez-vous encore vous améliorer ?
Je dois travailler le rythme et le foncier. Je n'arrive pas encore à trouver cette aisance aux 1500-2000 mètres. Il y a aussi la vitesse terminale qui reste un petit point faible.