L'Algérien du 60e a passé le cap même s'il est toujours à jeun en cette longue journée d'été à Nuuk, où le soleil ne se couche jamais. 22h43, le temps refuse d'avancer, pas comme Nassim qui est chez la première ministre du gouvernement groenlandais, gouvernement autonome qui aspire à devenir indépendante. Ce qui lui rappelle de vagues souvenirs fantasmatiques berbères d'indépendance, même si la situation n'est comparable en rien, les Inuits ayant une radio, Nuuk FM, une télévision et un journal, et surtout l'inuknavit, leur langue, déclarée officielle. La question du jour, puisqu'il n'y a pas de soir au mois de juillet, comment inviter le président Bouteflika à Nuuk ? - Unnugu ? Ce qui veut dire «ce soir» en kalaallisut, la langue inuite groenlandaise. Dans un premier réflexe, la première ministre a pris son téléphone, comme s'il s'agissait simplement d'appeler. - Il vaut mieux écrire une lettre, s'avance Nimik, l'ami de Nassim qui l'a introduit chez la première dame. A qui ? En passant par le protocole officiel, Rougab, l'homme de la présidence spécialiste de l'entregent qui prend de l'argent pour chaque hypothèse de rendez-vous, ou encore le colonel Fawzi, annoncé comme déjà parti et que l'Algérie ne regrettera pas vraiment ? - Une invitation officielle ? C'est décidé. Ce sera une lettre, et très entreprenante, la première ministre commence à la rédiger. Nassim la regarde, sans rien dire. Rapidement, elle la lit à haute voix : - Monsieur le président Bouteklika, le gouvernement du Groenland a l'honneur de vous inviter en visite officielle à Nuuk, sachant que les deux pays possèdent la même surface, pratiquement les mêmes ressources et qu'ils sont tous deux des puissances de leur région. Nassim a eu un doute : - Peut-être qu'il faut enlever Nuuk... - Pourquoi ? Nassim ne sait pas quoi répondre. Même en groenlandais, il y a des mots qui ne s'expliquent pas. … à suivre