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Il ne faut pas laisser assassiner la République
point de vue

Le lâche assassinat du député à l'ANC, Mohamed Brahmi, leader du Tayar Echaabi, a eu l'effet d'un violent séisme qui a ébranlé tout citoyen attaché aux libertés et refusant d'intégrer la violence et la haine dans ses mœurs politiques ; il a eu aussi pour effet de creuser le fossé de défiance envers les gouvernants.
La Tunisie sera-t-elle ce pays du Printemps arabe qui réussira à franchir les obstacles et achever sa transition vers la démocratie, ou va-t-elle sombrer comme l'Egypte et la Syrie dans une violence annonciatrice de toutes les dérives totalitaires ? Aurions-nous le courage d'un sursaut citoyen qui fasse prévaloir l'intérêt du pays sur les agendas partisans ? Plus que jamais, notre pays a besoin d'être préservé des plans des assassins. En perpétrant cet assassinat le jour de la fête de la République, les commanditaires du crime visaient à faire avorter le processus de transition démocratique et à saper la foi des Tunisiens dans son aboutissement ; ils espéraient faire basculer le pays dans le chaos et l'impasse politique qui ne peut que déboucher sur la restauration du despotisme.

C'est en toute légitimité que les citoyens sont descendus en masse dans la rue pour exprimer leur colère et leurs frayeurs, réclamer la vérité et exiger des autorités la mise hors d'état de nuire des criminels et d'assumer leur responsabilité dans cette impasse politique. Cette crise a également été un révélateur de l'échec de la coalition au pouvoir, la troïka, responsable de l'enlisement du processus de transition. Cette coalition aurait pu être un atout qui confère au pouvoir un équilibre, évitant une gestion monopolistique par un seul parti comme en Egypte.
Un gouvernement défaillant
Mais les deux partenaires d'Ennahdha (Ettakatol et le CPR) n'ont pas saisi cette chance pour jouer pleinement leur rôle. Il faut reconnaître à la décharge de la troïka qu'elle a toujours privilégié le dialogue avec l'opposition et recherché un consensus adapté à cette période de transition ; elle a réussi grâce à ce dialogue à conclure des accords fondamentaux dans la rédaction de la Constitution, à avancer sur des dossiers importants relatifs à la mise en place d'institutions de régulation comme la HAICA, l'instance de l'ordre judiciaire et presque achevé la composition de l'ISIE.
Mais le processus de transition a été mis à mal par les tergiversations du gouvernement à prendre les mesures efficaces en vue de dissuader des acteurs non étatiques d'user de la violence politique, notamment par le refus de dissoudre les «Ligues de protection de la révolution» qui ont continué à alimenter la violence dans le champ public, notamment en fomentant l'agression des locaux de l'UGTT le 4 décembre 2012. Sa défaillance a aussi été totale dans la protection de l'ambassade des USA des manifestants hostiles qui l'ont investie le 14 septembre 2012. A l'inverse, quelques semaines plus tard, les émeutes de Siliana ont été réprimées par un recours inconsidéré à la force. Le résultat a été l'affaissement de l'autorité de l'Etat favorisant le développement de groupes parallèles. La responsabilité du gouvernement est également engagée dans le retard mis à impulser les réformes touchant les secteurs de la sécurité, de la justice et de l'administration.

Le gouvernement a maintenu une ambigüité dans son agenda de lutte contre la corruption en tolérant son expansion et en s'accommodant des réseaux mafieux qui gangrènent notre administration et notre économie; la justice transitionnelle, tout comme la lutte contre l'impunité, a été reléguée aux calendes grecques et phagocytée par un projet de loi sur «l'immunisation de la révolution» aux relents électoralistes. Enfin la troïka et à sa tête le parti Ennahdha ont fait preuve d'amateurisme dans la gestion des affaires de l'Etat et fait prévaloir parfois le clientélisme sur la bonne gouvernance. Le mélange entre considérations partisanes et enjeux d'Etat a fini par creuser une distance par rapport à la population et éroder le capital confiance en l'Etat post-révolutionnaire qui a accompagné les premières élections libres et sincères qu'a connues la Tunisie. Aujourd'hui, une rupture avec la démarche suivie par la troïka semble la seule issue pour préserver le processus de transition en parachevant la Constitution et en accélérant l'organisation des élections.
Une opposition immature

Mais de son côté, l'opposition a été petit à petit dominée par son obsession aveugle à faire chuter le gouvernement et s'est peu à peu détachée du processus révolutionnaire de transition pour s'enfermer dans la logique de division soutenue par les partisans de l'ancien régime. Les clivages d'avant les élections de 2011 entre partisans et opposants au processus constitutionnel se sont estompés pour ouvrir la voie à un ralliement de certains révolutionnaires aux chantres de la restauration. Dans ce contexte, la stratégie de la terre brûlée a prospéré, soutenant les revendications sociales les plus inconsidérées et la contestation la plus débridée qui ont achevé de miner une économie nationale fragilisée.
Début juillet, bien avant l'assassinat du martyr Brahmi, les dirigeants du Front Populaire ont appelé les Tunisiens à s'inspirer de la solution égyptienne du coup d'Etat contre un pouvoir investi par les urnes pour dissoudre l'Assemblée nationale constituante et la remplacer par des «Conseils» aux contours douteux. Ils ont fait ainsi la démonstration du peu de cas qu'ils font de la souveraineté populaire et de la faiblesse de leur sens de l'Etat. Nidaa Tounes n'a cessé d'orienter le pays vers une confrontation et un vide institutionnel qui ne peuvent que déboucher sur une dérive autoritaire ; il a poussé à l'affaiblissement de l'Etat qui favorise la prolifération de réseaux informels pseudo mafieux qui gangrènent l'économie.

En déniant au peuple le droit d'exercer sa souveraineté par la voie des urnes et cherchant à lui substituer la logique de tutelle d'une «élite éclairée» qui connaît le bien du peuple et agit en son nom, ils trahissent les visées totalitaires qui ont alimenté les dictatures les plus célèbres aux antipodes de la logique démocratique. Il est difficile de comprendre comment la dissolution des institutions issues du suffrage universel au profit d'un chaos institutionnel contribuerait à l'établissement de la vérité et de la justice dans l'assassinat de Mohamed Brahmi et de Chokri Belaïd. Notre espoir est grand que les Tunisiens vont se mobiliser pour rejeter les plans de ceux qui poussent la Tunisie vers la guerre civile. La Tunisie a besoin d'un sursaut patriotique pour protéger l'Etat des plans assassins des ennemis de la démocratie et poursuivre l'édification de ses institutions démocratiques ; pour cela :
1- Le gouvernement doit avoir le courage de prendre une initiative qui sauve le pays de l'escalade de la violence et rétablisse la confiance ; il a le devoir de faire le constat d'échec et de démissionner pour sauver nos institutions et former un nouveau gouvernement consensuel capable d'assurer la poursuite du processus démocratique pacifique jusqu'aux élections.
2- Les opposants ont le devoir de rechercher une issue de crise par le dialogue et par la sauvegarde des institutions républicaines.
La Tunisie doit être plus que jamais préservée de la solution égyptienne qui a consacré des «démocrates» dans le rôle de supplétifs assistant une armée se livrant au massacre de manifestants pacifiques et procédant à la fermeture des médias défavorables. Il est urgent de dépasser les règlements de comptes entre les différentes factions politiques pour relancer le processus de démocratisation et sauver notre pays.


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