À l'initiative de l'établissement Arts et Culture, et dans le cadre du printemps de la chanson chaâbi du 3 au 29 mai, la salle Ibn Khaldoun a accueilli hier un débat autour de ce patrimoine populaire, en présence d'artistes du chaâbi, de paroliers et de musicologues. Ces rencontres, prévues chaque dimanche tout au long de cet événement, ont pour objectif de rapprocher les artistes de la presse et de mettre sur le tapis les différents débats qui animent le secteur. Pour ce faire, plusieurs professionnels ont été invités à cette rencontre, dont les chanteurs et animateurs d'émissions de chaâbi, Sidali Dris et Yacine Bouzama, les chanteurs Mohamed Lagab, Abdessalam Derouche Rahma Boualem et Sidali Baich, ainsi que des paroliers et représentants de l'association Ahla El Kalam, dont Kamal Charcham. Le premier point d'accord entre tous se situe dans la nécessité de préserver ce patrimoine musical et de chanter un maximum de qacidate, sachant que seuls 3% de ce patrimoine sont chantés, précise Yacine Bouzama. Ce dernier insiste sur l'importance de pousser les jeunes à investir les lieux et à innover aussi. Pour Abdessalam Derouche Rahma Boualem, il y aurait un public pour tout, pour les interprètes des anciennes qacidate, autant que pour les chanteurs qui innovent. En d'autres termes, tous les interprètes doivent avoir leur chance puisqu'ils ont un public. Le tout est de laisser les jeunes créer et faire des recherches. Exemple est donné avec le défunt Kamal Messaoudi qui s'est imposé avec des nouveautés. Pour Mohamed Lagab : « Notre plus grande perte a été l'émission Alhane Oua Chabab qui permettait de découvrir de nouvelles voix. » Dans un certain sens, l'un des problèmes qui minent quelque peu le chaâbi se situe dans le « catalogage ». En effet, le discours ambiant veut qu'il y ait le chaâbi moderne et le chaâbi à l'ancienne. Point de discorde : ils sont nombreux à réfuter l'idée de nouvelles touches et de libertés dans l'interprétation ou dans l'écriture de nouvelles qacidate. Si ces genres de rencontres peuvent avoir comme point positif d'ouvrir une brèche afin que tous fassent un effort pour « mettre des passerelles » entre les artistes, le public et la presse, comme l'a expliqué M. Mohamedi, directeur de l'établissement Arts et Culture, il est cependant difficile de contenter tous les concernés et de contenir le débat, tant la passion peut l'emporter et tant l'aigreur peut s'insinuer dans les recoins des esprits.