Le chef d'une commission des Nations unies qui enquête sur les droits de l'homme en Corée du Nord a appelé Pyongyang à lui ouvrir la porte, mais le pays a qualifié ces travaux de «provocateurs» et «diffamatoires». Pendant cinq jours, cette commission de l'ONU, la première à enquêter officiellement sur les droits de l'homme au Nord, a entendu les témoignages, parfois à la limite du supportable, de Nord-Coréens qui ont réussi à s'enfuir. Les audiences se déroulaient à Séoul. L'agence officielle nord-coréenne KCNA a qualifié les témoins de «rebuts du genre humain» manipulés par les autorités sud-coréennes. Les travaux de cette équipe ne pourront qu'annuler les progrès recents enregistrés sur le front des relations entre Séoul et Pyongyang, a prévenu KCNA, qui retransmet fidèlement la ligne du pouvoir. Pyongyang, qui réfute catégoriquement toute accusation d'abus des droits de l'homme, ne reconnaît pas la commission et lui a interdit de se rendre sur son territoire. Mais le chef de l'équipe d'enquêteurs, l'ancien juge australien à la retraite Michael Kirby, a renouvelé ses appels à la coopération. «Nous agirons avec respect, nous chercherons des faits, nous suivrons un processus déterminé et nous n'aurons pas de préjugés», a-t-il déclaré. «Nous ne sommes ni des procureurs ni des juges. Une soupçon de preuve a plus de poids qu'un tomberau d'insultes et d'attaques. La meilleure façon pour la Corée du Nord de nous répondre, c'est avec des preuves (...) et en nous laissant inspecter les sites où les abus présumés ont eu lieu», a-t-il ajouté. La commission d'enquête prévoit également de recueillir des témoignages au Japon, en Thaïlande, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Le rapport final sera soumis au Conseil des droits de l'homme en mars 2014 et Michael Kirby s'attend à ce que les Nations unies agissent selon les recommandations de la commission. «Il est difficile de penser que la communauté internationale ait établi cette commission sans vouloir que cela mène quelque part», a-t-il déclaré. Le Président s'est dit «grandement affecté» par les témoignages, mais a souligné que ces récits ne pouvaient pas toujours être considérés comme des preuves d'actes criminels. Ainsi, la pratique d'expériences médicales sur des handicapés ne peut pas être établie. De même, il n'existe pas de preuve démontrant que le régime a pratiqué volontairement une politique qui a conduit à la famine meurtrière du milieu des années 1990, a indiqué l'ancien juge. «Mais il existe bien évidemment une frontière infime entre ce qui est délibéré et ce qui est le résultat d'une incompétence entêtée et continue», a-t-il dit. Il a également souligné le côté «crédible, répété et détaillé» des témoignages sur les conditions «inhumaines» dans les camps de travail pour prisonniers politiques, ou pas, ainsi que le recours aux exécutions extra-judiciaires et à la torture.