Les institutions de l'Etat ont le visage dans la boue. Humiliées. Le Conseil d'Etat, en premier. Cette instance supérieure a déclaré illégale la session du comité central du FLN convoquée par le clan de Boumehdi et autorisée par Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur. Le tribunal administratif, qui a fait preuve d'une incroyable rapidité, a annulé la décision du Conseil d'Etat. Les portes de l'hôtel El Aurassi à Alger ont été «forcées» et le comité central du FLN s'est réuni pour imposer Amar Saadani, un OVNI politique, nouveau «secrétaire général» du FLN. Que valent donc les décisions du Conseil d'Etat ? Et que valent les autorisations du ministère de l'Intérieur dont l'une a été contestée par le même Conseil d'Etat ? Le FLN subit, donc, un nouvel hold-up et les institutions de l'Etat, une série de gifles et de coups de pied. D'où cette autre question : qui protège les fondements de la République algérienne ? La justice de la nuit, qui agit comme les braqueurs de bijouteries, retrouve ses forces et insulte le droit. Les magistrats algériens veulent-ils réellement être indépendants et mettre en veille leur téléphone avant de prononcer des jugements ? Visiblement, non. Puisque la justice de la nuit avait déjà fait parler d'elle fin 2003. A l'époque, les partisans de Bouteflika avaient détourné le FLN pour en faire un instrument de propagande au service exclusif du candidat-président. Bouteflika ne voulait pas que Ali Benflis, son rival à la présidentielle de 2004, dirige l'ex-parti unique. Aujourd'hui que le nom de Ali Benflis est cité dans les salons comme éventuel successeur de l'actuel locataire du palais d'El Mouradia, la machine s'est remise en marche pour refaire le même scénario tragicomique. Reste à savoir si Bouteflika, malade, assis sur un fauteuil roulant, est en mesure de se représenter en 2014 alors que le siège du président de la République est vacant depuis quatre mois. Le pays est paralysé : pas de Conseil des ministres, pas de projets de loi, pas de révision de la Constitution… Et on continue de faire semblant et de se projeter dans l'avenir. Saïd Bouteflika, frère du Président, est cité comme le manœuvrier en chef de la crise du FLN. Quel est son intérêt ? Maintenir son frère au pouvoir ? S'offrir des garanties politiques ? Barrer la route à Benflis ? Comme il n'y a aucun débat politique dans le pays pour faire sortir l'Algérie du blocage et de la logique des clans, on s'amuse comme on peut. On s'offre donc le spectacle de vieux militants qui se battent à l'intérieur d'un FLN ressemblant à un vaisseau fantôme en pleine tempête. Il est évident que le FLN, dernier bastion de la pensée unique dans la région arabe avec le Baâth syrien, est devenu un élément toxique. Il pollue la scène publique algérienne et ferme les perspectives. Cet élément doit être détruit. Il n'y a plus rien à attendre du FLN dont le sigle historique a été sali. Le FLN doit être rangé au musée. Définitivement !