Le personnage principal du roman Les anges meurent de nos blessures, Turambo, entraîne le lecteur dans les abysses d'une vie tourmentée. Un roman troublant où la lecture hypnotise jusqu'à l'ultime fin. Après L'Equation africaine, le prolifique écrivain, Yasmina Khadra, signe aux éditions Casbah un beau livre d'une haute facture intellectuelle. Bien que constitué de 403 pages, ce livre se lit d'un seul trait tant l'histoire narrée est passionnante et intrigante à la fois. Ecrit à la première personne du singulier dans un style limpide, Les anges meurent de nos blessures raconte le pénible cheminement qui a fait basculer le héros principal, Turambo, de l'autre côté du miroir de la société, en l'occurrence du côté des opprimés. Beau garçon, grand et élancé, Turambo a été baptisé du nom de son village natal, rayé de la carte géographique à cause d'un glissement de terrain. Turambo grandit donc dans les années 1920 dans une petite bourgade d'Oran. Il ne se doutait pas que sa vie basculerait un jour pour finir un siècle de sa vie dans un pénitencier. Après avoir exercé plusieurs petits métiers, Turambo, ce petit Arabe misérable, est enfin convaincu que la chance lui sourit enfin. Il trouve une place chez le garagiste Bébert en gagnant relativement bien sa vie. Un jour, une altercation l'oppose à un client venu récupérer sa voiture pour un lavage complet. Constatant une tache sur la banquette de son véhicule, le client en question l'injurie. Turambo, muni d'un torchon, fonce sur le siège pour réparer l'impair. «Mes coups de chiffon ne firent qu'étaler davantage le cambouis sur le cuir. Horrifié par ma maladresse, le client poussa un juron féroce, et relâchant Gino, il me flanqua une torgnole qui me fit pivoter sur moi-même… Mon bras décrivit un crochet fulgurant, et le client s'effondra comme un château de cartes.» Alors que Turmanbo se retranche chez lui de peur que la police l'arrête, il reçoit la visite de trois Européens. L'un d'eux, propriétaire d'une écurie et professionnel de la boxe, vient lui proposer d'être boxeur. Son interlocuteur lui apprend que la personne qu'il a étalée dans le garage n'est autre que le champion de boxe d'Afrique du Nord et du monde. La peur de Turambo s'estompe quand il apprend qu'un boxeur ne porte pas plainte quand il se fait battre hors du ring. Grâce à ce don providentiel, il collectionne la gloire et l'argent jusqu'au jour où la foudre s'abat sur lui. Il tue l'un des officiers médaillés de la Grande Guerre. La sentence est irrévocable : le chemin du bagne est un passage obligé. En somme, Les anges meurent de nos blessures, de Yasmina Khadra, est un roman bien ficelé où plusieurs histoires se mêlent les unes aux autres pour dévoiler un récit touchant et bouleversant à la fois.
Yasmiane Khadra. Les anges meurent de nos blessures, 403 pages. Editions Casbah. Octobre 2013.