Le ministre des Finances, Karim Djoudi, n'exclut pas une révision de la politique du soutien des prix au cas où la chute des exportations d'hydrocarbures venait à perdurer. «Nous allons continuer à soutenir les prix, mais il est évident que l'Etat sera appelé, dans le temps, à revoir sa politique de soutien tout en essayant de conserver le pouvoir d'achat des citoyens», a notamment souligné le ministre dans une déclaration à la Radio nationale. M. Djoudi a reconnu que la baisse constatée du volume des exportations d'hydrocarbures, accompagnée d'une chute des prix du pétrole, allaient engendrer une baisse des recettes de l'Etat. La politique de soutien des prix coûte quelque 300 milliards de dinars au budget de l'Etat, notamment depuis l'élargissement, en 2012, de ce soutien à d'autres produits de première nécessité tels que le sucre et les huiles alimentaires, en plus de la poudre de lait et des céréales. Le soutien des prix des produits alimentaires s'ajoute à celui des carburants, de l'électricité et du gaz. L'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a appelé il y a quelques semaines à la mise en place de mécanismes pour le contrôle des dépenses publiques et de leur rentabilité et le plafonnement du déficit du budget pour garantir une gestion efficace du budget de l'Etat. Il a mis en garde en outre contre l'augmentation de la facture des importations qui devrait atteindre environ 50 milliards de dollars fin 2013 alors que les exportations sont estimées à 57 milliards de dollars. M. Harchaoui, qui s'exprimait lors des travaux d'une journée parlementaire sur le projet de loi de finances pour 2014 organisée par le groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND), a appelé à plafonner le déficit budgétaire général de façon à ne pas dépasser un certain taux, afin de rationaliser les dépenses et de garantir la stabilité financière du pays à long terme. Sur un autre plan, Karim Djoudi a souligné, hier, dans son intervention à la Radio nationale, à propos de la décision de l'Algérie de recourir au droit de préemption sur l'usine de pneumatiques Michelin à Alger, que cette démarche visait seulement à récupérer le foncier sur lequel l'usine était installée. M. Djoudi s'est déclaré favorable cependant à des investissements dans le pneumatique sur le site : «Il peut y avoir des investisseurs qui souhaiteraient y investir et ils seront bien accueillis.» Selon le ministre, l'exercice du droit de préemption, instauré par la loi de finances complémentaire en 2009, ne signifie pas nationalisation, mais «reprendre un actif et le remettre sur le marché». L'affaire Michelin vient s'ajouter au dossier de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, sur lequel l'Etat a aussi fait valoir son droit de préemption. «C'est un long dossier sur lequel nous continuons de négocier quasi quotidiennement. Il ne manque que deux ou trois questions à régler sur le volet financier, nous souhaitons que ça se fasse rapidement», a-t-il fait savoir.