-Quels sont les objectifs visés par l'organisation d'une telle activité par le Forum France-Algérie ? Le Festival Algérie en mouvement (FAEM) vise à faire connaître le travail et les actions des acteurs associatifs et des entrepreneurs citoyens et responsables qui interviennent dans des domaines aussi variés que l'environnement, la culture, le développement local, l'écotourisme, les nouveaux médias. Comme l'a souligné la marraine du Festival 2013, Souad Massi, ces jeunes acteurs dynamiques et solidaires méritent qu'on les mette en valeur et qu'on les encourage à poursuivre leurs actions. Par ailleurs, en montrant le dynamisme des acteurs de la société civile et leurs réalisations, nous espérons contribuer à améliorer l'image de l'Algérie en France. Notre second objectif est de permettre à ces acteurs de tisser des liens forts avec des homologues franciliens qui se traduisent par des projets en commun, des transferts de savoir-faire, des investissements, etc. Près d'une dizaine de rencontres avec des acteurs associatifs ou de l'économie sociale et solidaire de Paris, Montreuil, Nanterre et Aubervilliers ont ainsi été organisées et ont constitué un des points forts de cette première édition du Festival. Et comme l'a souligné également Mme Bariza Khiari, vice-présidente du Sénat et marraine du Forum France-Algérie, lors de la cérémonie de clôture, l'apport principal du festival est de rompre avec des débats franco-algériens centrés sur le passé et sur les questions mémorielles. Avec le festival, nous donnons la parole à des jeunes acteurs dynamiques qui sont en train de façonner l'Algérie de demain et qui donnent une image positive de ce pays. -Vous avez traité de sujets divers et variés, touchant à la question de l'engagement citoyen, associatif et politique de la jeunesse algérienne. Peut-on dire que ce festival est un encouragement vers la jeunesse immigrée afin qu'elle s'engage dans cette même direction ? Nous avons mis en avant le rôle que peuvent jouer les acteurs de l'économie sociale et solidaire dans le développement du pays à travers les témoignages concrets fournis par les membres de la délégation algérienne. Ces acteurs réussissent à faire bouger les lignes en Algérie, en créant des magazines sur internet, en initiant des activités culturelles inédites, en permettant à des populations isolées des steppes de recevoir l'électricité via des panneaux solaires mobiles, en recréant de l'emploi dans le domaine de l'artisanat, en réhabilitant nos oasis, en luttant contre le VIH, en formant des handicapés, etc. Nos rencontres ont effectivement touché plus largement le public franco-algérien ou les jeunes Français d'origine algérienne qui souhaitent garder le contact avec le pays de leurs parents et qui sont souvent eux-mêmes engagés dans des démarches citoyennes et solidaires en France et à l'international. Nous tenterons dans le futur de mieux toucher le public français dans son ensemble, ce qui est notre cible principale. -Justement, vous avez organisé ce festival dans un contexte de la montée du racisme en France. Quels sentiments ont eu les participants à ce sujet, notamment les jeunes ? L'accueil qui leur a été réservé était si chaleureux qu'ils garderont, je pense, l'image d'une France fraternelle, ouverte sur le monde et solidaire. Leur séjour leur permettra ainsi de contrebalancer l'image négative et déformée de la France projetée en ce moment par une minorité de Français qui accaparent l'espace médiatique à travers des déclarations ouvertement racistes. A cet égard, les membres de la délégation algérienne s'associeront certainement à la déclaration de soutien que le Forum France-Algérie compte faire en faveur de la grande marche contre le racisme prévue le 30 novembre à Paris. -Quel bilan général faites-vous de cette première édition du FAEM ? Il y a en France une grande méconnaissance des réalités algériennes, que le Festival Algérie en mouvement peut contribuer à combler. Il y a, en particulier, une attente forte des Franco-Algériens pour s'informer de l'évolution de leur pays d'origine et pour contribuer à son développement. Une action forte des pouvoirs publics algériens est nécessaire pour mobiliser ce potentiel dont le pays a besoin. Le forum France-Algérie continuera à s'investir dans les années à venir pour faire connaître et valoriser les acteurs innovants et citoyens algériens et, par là-même, tisser de nouveaux liens entre la France et l'Algérie au bénéfice des deux pays. Nous nous réjouissons, par ailleurs, de la promesse de soutien pour la prochaine édition formulée par Amar Bendjemaâ, notre nouvel ambassadeur en France. Enfin, je vous informe que toutes les rencontres ont été entièrement filmées par notre partenaire Kaina Cinéma. Un film de 52 minutes sera produit et les interventions et débats, qui ont été d'une grande qualité, seront mis en ligne pour bénéficier au plus grand nombre de personnes.