Sonatrach a décidé de revoir ses conditions de vente à l'ensemble des entreprises du secteur dont l'activité repose sur la transformation du gaz qu'elle en fournit. L'Algérie fera désormais un meilleur usage de son gaz et de son prix.» Petite phrase loin d'être anodine lancée il y a quelques années par un ministre auquel on a pourtant endossé la responsabilité de privatisations pour le moins hasardeuses. Il aura fallu attendre encore près d'une décennie avant que cette promesse ne commence à être concrétisée. L'ensemble des joint-ventures et des contrats conclus dans le domaine de la pétrochimie depuis 2005 est en cours de réaménagement. Bien que les partenariats conclus sous l'ère Khelil accordent tous la majorité du capital au partenaire étranger, les réaménagements en question ne tentent pas, pour l'heure, de revenir sur cette répartition. Bien que des amendements de la loi sur les hydrocarbures aient assis, en 2013, Sonatrach dans le rôle de partenaire systématique et majoritaire dans tout projet en pétrochimie à venir, ces dispositions ne peuvent être rétroactives. Pour le moins, Sonatrach a décidé, depuis, de revoir ses conditions de vente du gaz à l'ensemble des entreprises du secteur dont l'activité repose sur la transformation du gaz qu'elle fournit. Revoir le prix du gaz La décision annoncée lundi concernant la révision des prix du gaz vendu par Sonatrach à Fertial, détenu à 66% par le Grupo Espanol Villar Mir et à 34% par le groupe public algérien Asmidal, n'est en fait que le dernier acte d'un processus entamé il y a plus de deux années. Un processus de négociations avec plusieurs partenaires étrangers qui a induit en 2013, dans un premier temps, la révision des dispositions contractuelles liant Sonatrach à l'égyptien Orascom Construction Industries sur le projet de complexe d'ammoniac et d'urée Sorfert à Oran. Un avenant qui avait permis de remédier à une aberration, vu que l'accord initial prévoyait sous le couvert de l'avantage compétitif du gaz de réaliser un complexe détenu en majorité par le partenaire étranger grâce à un montage financier mettant à contribution les banques publiques de la place et fonctionnant grâce à la matière première locale qu'est le gaz vendu par Sonatrach au prix du marché domestique. Le nouvel accord liant les deux partenaires, depuis mai 2013, maintient la clause concernant la fourniture du gaz au complexe à des prix «compétitifs», mais il a revu la répartition des bénéfices en redonnant la primauté à Sonatrach et en imposant l'exportation de la production à partir de l'Algérie et non plus de l'étranger. Un scénario qui a été réédité en avril 2014 avec Villar Mir pour le cas de Fertial, pour lequel les prix du gaz ont été revus à la hausse, ainsi qu'en septembre dernier avec l'Omanais Suheil Bahwane pour le cas du complexe de fabrication d'engrais Al Djazaïria-Al Omania-lil-Asmida (AOA). Bien qu'à chaque fois ces opérations n'ont fait l'objet que de communiqués laconiques évoquant de simples avenants aux accords initiaux dans l'objectif de «rééquilibrer les intérêts économiques et opérationnels des deux parties», le processus reflète un changement de cap en ce qui concerne les politiques de valorisation du gaz algérien. Il est vrai que les partenariats noués durant la décennie 2000 dans le secteur de la pétrochimie avaient été vivement critiqués dans la mesure où les conditions contractuelles ont été interprétées par de nombreux experts, notamment Réda Amrani, comme étant un transfert de la rente aux opérateurs étrangers et une exportation nette des richesses nationales, sans contrepartie au profit du Trésor public. Prise de conscience tardive donc de la nécessité de faire profiter le budget de l'Etat des dividendes tirés de l'activité de ces complexes dont la production est majoritairement destinée à l'exportation. Mais une prise de conscience sans doute motivée par une conjoncture née du déclin de la production de gaz, de la contraction des ressources issues d'une conjoncture internationale peu favorable et donc par la nécessité de valoriser au mieux nos richesses, plus particulièrement le gaz.