Fanny Colonna a été inhumée, hier, au cimetière chrétien de Constantine, conformément à sa volonté. L'écrivaine et chercheure, décédée mercredi 20 novembre à l'âge de 80 ans, a été accompagnée dans son dernier voyage de retour en Algérie par ses enfants et petits-enfants. Ils étaient nombreux aussi, parmi ses amis et ceux qui ont été dans sa proximité intellectuelle, à lui rendre un dernier hommage lors de la cérémonie de recueillement. Avec des roses et des mots simples, les gens présents à l'enterrement ont affirmé leur reconnaissance et leur respect envers cette grande dame. Les professeurs Abdelmadjid Merdaci et Nadir Boumaza, l'artiste Ahmed Benyahia ou encore l'universitaire Adel Abderrazak ont témoigné chacun avec ses mots et son expérience de la sollicitude de Colonna, l'universitaire, et son amour pour l'Algérie. En choisissant l'Algérie pour se reposer éternellement, Fanny Colonna a signé un dernier acte hautement symbolique envers le pays qui l'a vu naître et qu'elle a toujours porté dans son cœur. Cet amour qu'«elle a exprimé tout au long des années 1990 et jusqu'à son dernier souffle, a transformé sa vie de manière à lui donner un sens que la mort ne peut lui ravir», a souligné l'historien Mohamed Harbi dans un hommage qu'il lui a rendu dernièrement à Paris, lors de la célébration religieuse en mémoire de cette spécialiste de l'Algérie. Fanny était une Algérienne. Née à Theniet El Had en 1934, elle n'a quitté l'Algérie qu'en 1993. Sa brillante carrière universitaire, elle l'a dédiée presque totalement à l'étude des populations du Maghreb et de l'Algérie en particulier. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages de référence, notamment : Algérie 1830-1962. Quand l'exil efface jusqu'au nom de l'ancêtre, Meunier, les moines et le bandit : des vies quotidiennes dans l'Aurès (Algérie) du XXe siècle : récits et Récits de la province égyptienne : une ethnographie Sud-Sud. Fanny, anthropologue, sociologue et islamologue, ancienne directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS, France), était une spécialiste des Aurès qu'elle avait parcourus, comme avant elle Germaine Tillion. Il convient de signaler que les autorités locales ont apporté une aide précieuse hier en facilitant l'entrée du cercueil à l'aéroport de Constantine.