Les enseignants et les diplômés de la langue amazighe s'apprêtent à investir la rue pour contester la grille des postes budgétaires du concours de l'Education nationale, ouvert pour le recrutement, à l'échelle nationale, de quelque 19 000 enseignants, trois paliers confondus, en raison du faible quota attribué pour les enseignants de tamazight. Des sit-in sont prévus à cet effet devant les directions de l'Education des wilayas de Bouira, Béjaïa et Tizi Ouzou et un autre à Alger, devant le ministère de l'Education nationale, a-t-on appris avant-hier auprès de Yacine Zidane, enseignant de tamazight et un des initiateurs de ce mouvement. Selon lui, le quota attribué à Tamazight ne dépasserait pas les 1% à l'échelle nationale. A Béjaïa, par exemple, des milliers de diplômés se débattront en tout pour sept postes au primaire et au moyen. «Je trouve cela contradictoire que la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, convienne d'un accord avec le HCA pour la généralisation de Tamazight, et que c'est tout le contraire qui se fait concrètement», relève Yacine Zidane, non sans souligner que la langue arabe bénéficie d'un autre traitement. Pour l'enseignant, il s'agit d'une politique délibérée de deux poids, deux mesures. «A Béjaïa, sur 430 postes attribués, seulement 7 sont ouverts pour les enseignants de Tamazight, mais pour ce qui est de l'arabe, elle s'est taillée la part du lion en raflant 126 postes au primaire et 65 au moyen. Il ne faut pas plus pour confirmer l'essence arabo-baâthiste du pouvoir algérien», s'insurge Yacine Zidane. Si les dates de ces actions de terrain envisagées ne sont pas encore arrêtées, le mouvement commence déjà à se structurer au niveau des wilayas précitées et aux Aurès, des régions connues pour être les fiefs de l'enseignement de Tamazight. Samedi, une réunion ayant regroupé des diplômés et des enseignants de tamazight de la wilaya de Béjaïa s'est tenue au Centre de documentation en droits de l'homme (CDDH) local pour débattre des problèmes qui se dressent devant l'enseignement de Tamazight en général et du présent concours, en particulier, nous a affirmé Yacine Zidane, ajoutant que contact est pris avec les collègues et les diplômés en Tamazight de plusieurs régions du territoire national pour coordonner les actions. Notre interlocuteur informe en outre que, ce mardi, une plateforme de revendication des enseignants et diplômés de tamazight, d'ordre nationale, sera arrêtée pour être remise au ministère de l'Education en même temps qu'il sera procédé au choix des journées des sit-in prévus.